Quand Jean Charest a dit la vérité
La frappe de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) d’hier prouve que l’ancien premier ministre, Jean Charest, avait vu juste quand il a martelé qu’une commission d’enquête publique ne pourrait mettre les voyous de la corruption derrière les barreaux.
Certains verront même que par ces arrestations de personnages politiques influents — particulièrement deux anciens ministres libéraux dont Nathalie Normandeau et un proche collaborateur de l’ancienne première ministre péquiste, l’UPAC a fait un bras d’honneur à la commission Charbonneau.
Dans un sens, c’est en partie vrai! L’automne dernier, tous les commentateurs l’ont répété: la commission Charbonneau nous a coûté collectivement beaucoup d’argent, plus de 44M$, pour ne pondre qu’un rapport final sans dents.
Oui, dans la foulée, il y a eu de hauts fonctionnaires municipaux licenciés, le démantèlement de l’empire Accurso, quelques maires traînés devant les tribunaux, mais presque aucun politicien de haut niveau n’a été inquiété dans les allées du pouvoir à Québec.
Si la commission Charbonneau a reconnu l’existence de la collusion à grande échelle dans l’industrie de la construction et au gouvernement, en revanche, ses deux commissaires, France Charbonneau et Renaud Lachance, n’ont pas pu se mettre d’accord sur l’existence d’un lien entre les contrats publics et les dons politiques.
Renaud Lachance a alors balancé publiquement que les faits présentés devant la commission ne l’ont pas convaincu qu’il y a un lien direct ou indirect entre le versement d’une contribution politique au niveau provincial et l’octroi d’un contrat public.
En effet, une commission comme celle de France Charbonneau n’a pas pour rôle d’arrêter les coupables ou de les poursuivre devant la justice. Elle a plutôt un rôle pédagogique, celui de délier les langues pour montrer au grand jour le système de corruption et de collusion tissé dans la pénombre. Et elle l’a montré. C’est la police, sous la houlette de la justice, qui a le moyen de monter des dossiers en béton qui feront en sorte que les voyous du système de corruption et de collusion soient traînés derrière les barreaux.
D’où l’importance de l’UPAC.
La SQ a ainsi reconnu jeudi qu’il lui a fallu une enquête de longue haleine pour conclure que «le problème de la collusion de la construction avec le pouvoir politique était systémique, sur une longue période», et ce, «sous forme de cadeaux, financement politique, contrats publics ou subventions gouvernementales». Selon l’UPAC, les contrats publics ont donc été utilisés comme outil politique pour favoriser des élections.
Jean Charest a donc dit vrai: dans une démocratie comme la nôtre, la justice est le pouvoir qui garantit le respect des lois, en permanence. Cela dit, son règne a été terni!