Je vous l’avoue, je suis peiné, car, à cette période de l’année, j’aurais aimé être l’amateur de l’équipe de hockey qui fait ses emplettes dans ce grand bazar de la LNH, avant la date limite des transactions.
Comme tous les partisans du Canadien de Montréal, j’aurais aimé que vous soyez dans le fauteuil de l’acheteur, celui qui a garanti à notre équipe une participation aux séries du printemps et qui aspire à ce qu’elle y prolonge sa présence aussi longtemps que possible; et pourquoi ne pas la gagner notre 25e Coupe Stanley?
Même si mathématiquement il y a encore de l’espoir que sa saison se prolonge au printemps, les dernières victoires du Canadien, surtout celle contre les Capitals de Washington, ne doivent pas vous faire voiler la récente et longue débandade historique de notre équipe.
Certes, même avec un groupe décimé et dégarni, un Canadien qui exécute bien son plan de match en équipe, comme un bloc, peut toujours aspirer in extremis à une place dans les séries parmi les seize meilleures équipes de la LNH.
Avec cette même équipe, le Canadien peut miraculeusement gagner une série ou deux. Et si Carey Price refait surface par magie d’ici quelques jours, ça sera la folie en ville! Mais cette équipe n’est pas complètement prête pour aspirer aux grands honneurs de la Coupe Stanley.
Quand les chances de son équipe de faire les séries tiennent plus du miracle, un dirigeant pragmatique et responsable, comme vous l’êtes, doit se consoler de la chance qu’il a de renforcer son groupe à plus long terme.
Avec l’échange de deux de nos joueurs réguliers contre un jeune centre prometteur — un Québécois par-dessus le marché —, vous avez donné le ton. Vous avez endossé votre rôle de vendeur sans mettre en péril l’avenir de son groupe.
Vous avez profité avec doigté de l’occasion pour vous départir des joueurs qui risquent de filer en fin d’année sans compensation, quand ils seront libres comme l’air. Mais un travail titanesque vous attend: larguer impérativement les joueurs qui ne peuvent plus encadrer nos jeunes.
Les experts sont quasi unanimes que notre équipe a absolument besoin de trois joueurs d’élite; un défenseur, un ailier droit et un centre. Vous avez aussi un réel souci de leadership dans notre vestiaire. Le noyau de notre équipe est jeune et son capitaine a encore du pain sur la planche.
Sous votre gouverne, le Canadien a une occasion dorée de renouveler ses vétérans qui n’arrivent plus à tirer le reste du groupe vers le haut, surtout quand ça va mal, comme c’était le cas du Canadien depuis décembre dernier.
Il est peut-être temps de laisser partir avec les honneurs les Andreï Markov et Thomas Plekanec, avant qu’ils ne vaillent plus rien sur le marché.
Cher Marc Bergevin, ne ratez pas votre coup!