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Gérer le paradoxe de l’Arabie saoudite

Ensaf Haidar, la femme de Raif Badawi

L’Arabie saoudite est un pays où les droits de l’homme sont piétinés au quotidien, mais c’est aussi un allié indispensable pour l’Occident. Comment faut-il alors gérer avec doigté ce paradoxe saoudien?

Le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite est d’ailleurs de passage à Ottawa pour rencontrer son homologue canadien. Ils discuteront possiblement de la question des droits de la personne, notamment l’affaire Badawi.

En effet, c’est la moindre des choses, car madame Ensaf Haidar, qui a trouvé refuge avec ses enfants au Québec, a reçu mercredi au Parlement européen, le prix Sakharov pour la liberté de penser au nom de son mari, Raïf Badawi.

On le sait, Raïf Badawi a été condamné à 1000 coups de fouet, 10 ans de prison et plus de 300 000$ d’amende pour avoir juste osé remettre en question la place de la religion dans la société saoudienne.

Outre cette affaire Badawi, le 17 novembre dernier, l’Arabie saoudite a condamné à mort pour apostasie le poète d’origine palestinienne Ashraf Fayad. D’après les éléments rapportés par plusieurs médias occidentaux, sa condamnation serait due à une dispute dans un café qui a été suivie par une délation mensongère.

Dans ce climat exécrable, le Canada, comme le reste de l’Occident, entretient des relations privilégiées avec l’Arabie saoudite, un géant du pétrole qui dispose de moyens financiers illimités pour imposer sa vision rétrograde des droits de la personne. D’abord à ces citoyens, ensuite au reste du monde musulman.

En effet, question droits de l’Homme, le royaume wahhabite est l’un des territoires les plus arriérés de notre planète. Ce pays prône une version très rigoriste de la charia qui n’est appliquée presque nulle part ailleurs, même dans le monde musulman.

Justement, sur une quarantaine de pays majoritairement musulmans, l’Arabie saoudite fait partie de cinq contrées qui appliquent exclusivement la charia, avec le Soudan, une partie de la Somalie, l’Iran et l’Afghanistan.

Cela dit, l’Occident est conscient que l’Arabie saoudite est un rouage important pour lutter contre le terrorisme. Et, malgré les apparences, les dirigeants de ce royaume montrent des gestes d’ouverture à la modernité au risque de réveiller le démon wahhabite.

Ce n’est donc pas pour rien que ce géant du pétrole a été la cible des attaques d’Al-Qaïda et qu’il est un ennemi juré de Daech – l’acronyme arabe qui désigne l’État islamique en Irak et au Levant.

Dans les circonstances, pour donner un coup d’accélérateur à l’émancipation graduelle entamée par le monde musulman depuis sa sortie du joug du colonialisme – qui a sévi dans certaines de ses régions pendant cinq siècles –, l’Occident doit coûte que coûte «dompter» son allié wahhabite.

D’ailleurs, en terre d’islam, la règle de «nulle contrainte en religion» est pourtant claire, mais dans le réel, elle peine à s’imposer, surtout avec le silence complice de l’Occident.

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