J’ai beau avoir développé une armure à l’épreuve de la folie de l’humain et des trolls enragés, mais il m’arrive d’être fatigué de cette joute de plus en plus absurde.
Ce n’est pas pour rien que je ne lis plus les commentaires de mon blogue. Et c’est dommage, car je me prive d’une source d’échanges d’où devrait jaillir la lumière.
À la place, je me contente de lire les messages personnels envoyés par certains lecteurs. Et curieusement, un lecteur qui prend le temps de rédiger et de signer son opinion m’engage souvent dans une discussion sérieuse.
Cela dit, j’ai beau avoir été endurci par la vie, mais l’actualité me prend de plus en plus à la gorge et je sens le désespoir m’envahir.
Que dire après avoir traversé presque 15 ans de guerres criminelles et de terrorisme barbare?
Que dire de ces peuples paisibles jetés dans les tranchées de la folie des hommes qui traînent les leurs dans la boue de l’invective?
Que dire après avoir passé au travers d’une décennie de débats houleux sur la laïcité et l’identité qui frôlèrent l’intolérable?
Que dire de ces cinq dernières années où le printemps arabe a viré à l’hiver à cause de régimes qui, avec l’appui de la géopolitique du chaos, refusent d’apprivoiser la démocratie, l’égalité et la solidarité?
Que dire de ce déferlement de haine affiché fièrement contre des réfugiés qui se jettent à la mer pour fuir la barbarie, alors que les portes de notre monde dit civilisé se ferment les unes après les autres?
Que dire de notre crise d’égoïsme qui consume l’espoir d’un vivre ensemble dans la dignité pour tous?
Et là, dans la tourmente, je me trouve assis dans une salle de conférence d’un hôtel du centre-ville de Montréal pour voir une quarantaine d’hommes et de femmes honorés par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec.
En plein désespoir, j’ai vu défiler des êtres hors-norme lors de ce prix Hommage pour célébrer les 40 ans de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Des humains qui vouent leur vie à aider leur prochain sans rien attendre en retour.
Des humains qui se battent pour garantir l’égalité et la justice pour tous au quotidien, pour les familles, les enfants, les femmes, les personnes du troisième âge, les autochtones, les réfugiés, les immigrants, les personnes en situation de handicap ou qui vivent avec des problèmes de santé mentale, les travailleurs et les prisonniers politiques.
Là, l’espoir se ravive.