Je ne suis pas happé par la «trudeaumanie», mais du point de vue de la symbolique, le 23e premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a frappé fort au jour 1 de son mandat.
Même temporaire, un vent de fraîcheur est le bienvenu à Ottawa après un long règne d’«harpeurisme» synonyme de rigidité, de défiance, de méfiance et de mépris.
Justin Trudeau a ainsi imprégné son entrée en fonction de l’ambition du changement. D’abord, le nouveau premier ministre et les 30 membres de son gouvernement n’ont pas été conduits en limousines à leur cérémonie d’assermentation. Ils sont arrivés en autobus à Rideau Hall, avant de marcher jusqu’à l’allée principale de la résidence du gouverneur général.
Ensuite, cette cérémonie d’assermentation a été accompagnée par de la musique Cri et un chant de gorge inuit. Quelle légèreté!
D’ailleurs, la jeunesse des ministres impressionne – 15 ont moins de 50 ans et quatre ont moins de 40 ans — , mais aussi l’atteinte de la parité homme/femme pour la première fois au Canada. N’est-ce pas bizarre qu’on ait attendu à 2015 pour enfin le réaliser?
Ce nouveau gouvernement fédéral marque aussi par ses sept ministres d’origine étrangère. Cette diversité est surtout incarnée par la nomination de Maryam Monsef, une ancienne réfugiée de l’Afghanistan, un pays musulman, comme ministre des Institutions démocratiques. C’est elle qui est responsable de revoir nos pratiques démocratiques.
Il y a aussi Jody Wilson-Raybould, membre de la Nation We Wai Kai, nommée responsable de la Justice et procureure générale du Canada.
Et puis, que dire de l’audace incarnée par la nomination de Harjit Singh Sajjan au ministère de la Défense? Un sikh arborant fièrement son turban au cœur de la lutte contre le terrorisme. Ce lieutenant-colonel est devenu en 2011 le premier militaire de religion sikhe à prendre les commandes d’un régiment au Canada.
Après cette cérémonie d’assermentation, la Tribune de la presse au parlement d’Ottawa a, enfin, renoué avec une tradition: une véritable conférence de presse. Un exercice démocratique presque banni par Stephen Harper. Avec le premier ministre sortant, l’information émanant d’Ottawa s’était tellement tarie que les journalistes ont fini par dénoncer publiquement le contrôle de l’information par le gouvernement conservateur pour manipuler l’opinion publique.
Enfin, même si la résidence du gouverneur général du Canada a toujours été ouverte au public, pour la première fois le grand public a été sur ses pelouses pour assister à l’événement d’assermentation du 23e premier ministre du Canada. Et Justin Trudeau ne s’est pas privé de prendre un véritable bain de foule au milieu de 3500 citoyens.
Quel contraste avec l’ère Harper!