Jean-François Lisée et le vote ethnique

Pour célébrer le 20e anni­versaire du référendum de 1995, Jean-François Lisée n’a rien trouvé de mieux que de s’attaquer aux néo-Québécois!

Selon le Journal de Mont­réal, dans son récent livre Octobre 1995 – Tous les espoirs, le porte-parole de l’opposition officielle en matière de services sociaux propose d’imposer aux nouveaux citoyens canadiens un délai de 12 mois avant de leur octroyer le droit de vote à une élection québécoise ou à unréférendum.

Avec sa proposition, Jean-François Lisée veut incruster dans le subconscient des Québécois francophones qu’un néo-Québécois est fondamentalement un agent dormant susceptible de fomenter un complot fédéraliste.

Oui, avec le recul, on sait que l’argent a joué un rôle pervers dans la victoire du Non lors de ce référendum volé d’octobre 1995. Mais il ne faut pas éluder le fait que le Oui a eu l’appui du quart des immigrants de première et de deuxième génération (*).

Ce qui a fait mal au Oui en 1995, ce sont bel et bien des Québécois francophones qui ont massivement voté Non, comme dans la Beauce.

Ce que M. Lisée insinue aussi par sa proposition bizarre, c’est qu’un néo-Québécois hérite facilement de sa citoyenneté dès sa descente d’avion. Alors que c’est faux. Un immigrant doit avoir été effectivement présent au Canada à titre de résident permanent pendant au moins 1 460 jours (4 ans) au cours des six ans qui ont précédé la date de sa demande de citoyenneté.

Encore plus, le traitement de cette demande peut durer de 12 à 24 mois. Ainsi, dans la vraie vie, un résident permanent assidu qui respecte religieusement toutes ses obligations légales doit attendre en moyenne six ans avant de devenir Canadien. C’est un délai raisonnable.

Alors, pourquoi priver ce nouveau citoyen de son droit de vote? Va-t-on vers une citoyenneté de seconde zone réservée aux néo-Québécois? Imaginez-vous amorcer votre nouvelle citoyenneté par une peine? Et de quel citoyen voulons-nous hériter?

Comment est-il possible que l’auteur de Nous, Comment mettre la droite K.-O en 15 arguments et Pour une gauche efficace, un intellectuel de gauche, un humaniste qui a côtoyé un géant de la trempe de Jacques Parizeau, finisse par appeler un jour à réduire les libertés individuelles sur un simple soupçon?

Je l’avoue, Jean-François Lisée a été l’un des intellectuels qui m’ont impressionné et familiarisé avec la cause souverainiste. C’était l’époque du Parti québécois de Bernard Landry, bien avant celle du parti de la charte des valeurs québécoises.

Il va falloir que quelqu’un le dise un jour aux bonzes du Parti Québécois : pour réaliser le rêve de René Levesque, il faut s’inspirer de l’expérience du Parti nationaliste écossais (SNP), qui a ouvert les bras au vote ethnique et espérer un alignement des planètes.

(*) Deux poids, deux mesures, thèse de doctorat de Pierre Serré, chez VLB

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