Un musulman peut-il devenir premier ministre?

Photo: Getty Images/iStockphoto

Le populisme crasse a sonné le glas des débats de société sur de vrais programmes politiques. Dorénavant, seules les questions qui polarisent auront la cote, comme «un musulman peut-il devenir premier ministre au Québec, chef de l’opposition, ministre?»…

Même si ce genre de questions sont hypothétiques, car, de mémoire, on a eu une députée de confession musulmane au Québec, c’est Fatima Houda-Pépin. Et cette ancienne députée libérale de La Pinière a été la première à s’insurger contre la charia en Ontario.

Avec moins de 3% de Québécois qui sont issus de la culture musulmane – dont plus que 60% ne fréquentent plus les mosquées –, pour en arriver à des candidats musulmans à des postes prestigieux, il va falloir qu’une immigration massive envahisse le Québec durant plus d’un siècle! Et ça ne sera jamais le cas.

En effet, la mode en Occident est aux débats qui divisent pour permettre aux plus futés des politicards de régner en donnant l’impression à un lectorat individualiste qu’il aura ce qu’il veut.

C’est le cas de cette controverse qui enflamme nos voisins américains: un musulman peut-il diriger les États-Unis? Quant au Canada, la controverse sur le niqab lancé par le gouvernement de Stephen Harper, en pleine campagne électorale, fait partie de cette nouvelle façon de faire de la «politique politicienne».

Justement, pour lutter contre le niqab, Stephen Harper aurait pu sévir, car, depuis quatre ans, il a été à la tête d’une majorité confortable. Alors, pourquoi n’a-t-il pas adopté une loi rendant obligatoire le visage découvert lors des cérémonies de prestation de serment de citoyenneté canadienne?

La réponse à cette question a été bien expliquée récemment par Vincent Marissal dans sa chronique Le niqab et… le chat mort. La démarche habile des conservateurs s’expliquerait par des impératifs électoraux. De la pure stratégie pour gruger le vote!

Pour saisir cette stratégie maléfique, dans Les partis politiques vous espionnent, son récent papier à L’actualité, Alec Castonguay a mis la lumière sur comment un parti politique peut désormais s’acheter une victoire électorale grâce au marketing politique.

En effet, grâce aux bases de données collectées sur les électeurs par les partis politiques, les politiciens sont capables de moduler et de calibrer leur message en fonction de chaque groupe d’électeurs. Ils pratiquent ainsi le profilage des électeurs pour mieux gruger leurs voix. C’est la fusion entre la mobilisation politique et le marketing ciblé des entreprises.

Malheureusement, ce marketing politique ciblé adopté par les partis donne aux électeurs ce qu’ils veulent, pas nécessairement ce dont ils ont besoin.

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