Le temps est à l’horreur
Victoire! J’ai réussi! Ça m’a pris beaucoup d’efforts, mais je l’ai eu. J’ai résisté. Je n’ai pas regardé la vidéo de Luka.
Mon cerveau a assez d’images troublantes à tasser comme ça! 2 Girls One Cup, le gars qui se fait péter un bouton dans le dos de la grosseur d’une orange, un accident d’auto que j’ai eu il y a quelques années, Call TV dans son ensemble, Glee, etc.
La semaine passée, c’était la semaine du gore. On se croyait dans un film d’horreur de série B. Je vous le dis tout de suite, j’ai pas de fusil chez nous, de sous-sol avec une trappe extérieure ni de vieux pick-up avec des clés cachées dans le pare-soleil. J’suis pas prêt!
Je sais qu’il y en a plusieurs qui paniquent. «Le monde est rendu malade!» Le monde est malade. C’est juste que là, le top du top malade est la saveur de l’heure. Les médias fonctionnent de cette façon. Quand une histoire est populaire, fait vendre des copies, eh bien pendant un bout, toutes les nouvelles du même genre vont être rapportées. Des enfants disparaissent tous les jours. Mais si, pour une raison x, on accroche sur une histoire d’enfant disparu, bien ça devient le thème de l’heure. Ensuite, comme par hasard, aux nouvelles, un enfant par semaine disparaît.
Et là on vire fous! «Ben voyons! Qu’est-ce qui se passe? Pourquoi maintenant, entre mars pis mai, les enfants disparaissent? Il y a un loup-garou en ville? Est-ce que Narnia existe pour vrai?» Ben non. C’est pas un timing de drame, c’est un timing de nouvelles. Le monde trippe sur les enfants disparus, on va leur en donner, des enfants disparus!
Un homme a mangé la face d’un autre homme? On va leur en sortir, des histoires de cannibalisme! Mais ça aussi, ça arrive tous les jours. Peut-être pas nu, sous un pont, mais ça arrive. Au Japon, un homme qui avait fait de la prison pour cannibalisme a ensuite été embauché à titre de collaborateur d’une émission pour être… critique culinaire. Tout le monde le savait. C’était ça, le stunt. Ça faisait le show. «Ce poulet Général Tao est succulent… presque autant que monsieur Tao lui-même» Ha ha ha ha! «On va à la pause!»
On vit dans un monde rempli de beau et de pas beau. Faudrait un moment donné se sortir la tête de notre postérieur arc-en-cielisé. Mais bon, en même temps, c’est peut-être bien que tout ça nous choque. La journée où on restera blasés, on aura abandonné l’option de se questionner, de changer. Ce serait là, l’ultime drame d’horreur.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.