Le passé appartient au passé

Je hais les relations qui appartiennent au passé. Nuance. Je hais les mauvaises relations qui appartiennent au passé. Il y en a trois types.

La «small talk». Une relation figée dans le temps avec comme seul sujet de conversation des anecdotes communes de cette époque où on se côtoyait, suivies de silences et de…«Ouin… pis à part de t’ça?». C’est la moins pire des trois. Sans être très palpitante, elle n’en est pas nocive pour autant. C’est plus un mauvais moment à passer, comme un long feu rouge ou un choc sur le bout du coude. On s’en remet rapidement. On se dit que c’était bizarre de revoir cette personne, qu’elle n’a pas changé, ou pas beaucoup, puis on continue notre chemin.

Il y a ensuite la «t’en souviens-tu?» Celle-là est plus lourde. C’est le genre de personne que tu vois une fois aux deux ou trois ans et qui aime te remémorer  une anecdote peu glorieuse. «Capitaine Pédalo!! Comment c’qui va!?? T’en souviens-tu, la fois au chalet!!? T’étais parti en pédalo tout seul, nous autres on était en chaloupe, t’es resté pogné 30 minutes dans un remou à tourner en rond comme un cave!! T’en souviens-tu, hein? Hein! Hein!!» Trois ans plus tard, tu le revois. « Heil!! Capitaine Pédalo!! T’en souviens-tu, la fois au chalet…?»  « OUI! OUI!! Je m’en souviens, j’étais là!! J’étais dans l’esti de pédalo!! Ça fait 9 ans de ça, get over it!!! Ta femme m’a dit que t’as eu une gastro y’a trois jours, faut-tu que je t’appelle capitaine mou!!?».  Je ne suis pas contre les anecdotes, les souvenirs et les inside funny entre amis, mais quand c’est le seul sujet, et surtout le premier qui vient en tête, ça gosse.

Bien que le «t’en souviens-tu» est un peu lourd, il est naïf. C’est jamais mal intentionné. Le troisième type de mauvaise relation du passé est plus mesquin. Le « j’t’aimais mieux avant». Comme la précédente, on aime souvent te rappeler un passé peu glorieux, mais dans ce cas, c’est plus profond. De vieux défauts, des vieilles faiblesses, d’anciennes dépendances. Peu importe l’évolution que tu peux faire dans ta vie, ce type de personne va toujours t’y ramener. Parce qu’il t’a connu là, comme ça, et il t’aimait là, comme ça, avec ces défauts, ces faiblesses. Ça lui donnait l’impression d’être plus fort, plus grand, meilleur. Donc quand il te voit, il t’y ramène. «Pis, toujours aussi pacté!» «Pis, toujours aussi mêlé?» «Pis, toujours aussi facile?».

Alors voilà, vous serez avertis. Si on ne s’est pas vus depuis des années, que le lien est encore bon, et que le présent et le futur sont des sujets qui vous intéressent, bienvenue. Sinon, restez dans la boîte à souvenirs à côté des p’tits soldats verts, pis du vieux gun à pétards. Merci.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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