Je m'ennuie d'la grosse

Fait beau. Je sais pas quel temps il fait en ce lundi, j’écris le vendredi. Mais si lundi est égal à la semaine qu’on vient de passer, fait beau. Sinon, désolé de vous rappeler que la semaine passée, faisait beau. Sans rancune.

En mars d’habitude, y a une dernière grosse tempête qui nous tue. Littéralement. Elle tue. Les premières chaleurs de mars excitent, donnent espoir. On voit le gazon, ça sent la bouette. On commence à regarder le linge d’été.

Y a toujours une journée ou deux qu’on sort avec un p’tit coat de printemps : fuck le Kanuk. On rêve.

On n’est pas naïf, on sait qu’il peut toujours y avoir une dernière tempête, mais… d’un coup. Puis le d’un coup passe à : «Ça y est! L’hiver est fini!»

Et juste là, drette là, quand dans ta tête les six prochains mois, c’est terrasse sangria, juste là, elle arrive, la grosse tabar…!

Une tempête apocalyptique! Pas une p’tite affaire de poudreuse sexy qui donne aux scènes de films des allures de boules de verre. Pas une p’tite neige agace qui fond presque à la seconde qu’elle touche le sol. Non. C’est toujours la grosse. La grosse tempête qui débarque avec ses gros sabots. Qui nous nargue. «Coucou. I’m back!»

Pour vrai, je ne m’ennuie pas tant que ça. J’hais pas ça, écrire sur mon balcon au mois de mars. Et si la grosse daigne se montrer, je ne vais pas courir dehors faire des anges dans la neige. Comme tout le monde, je vais sacrer ma vie, remplir un truc de neige et chercher l’adresse de dame Nature : «Scusez, j’pense que c’est à vous, ça.» 

Mais j’sais pas. J’ai l’impression que si elle est partie pour de bon, la grosse va me manquer. Comme cet ami, cet oncle un peu désagréables qui mettent de l’ambiance dans les partys, malgré tout, malgré eux. C’est pu pareil quand ils sont plus là. Y manque un p’tit quetchose, les anecdotes sont moins l’fun.

Imaginez si y a pu jamais la grosse qui vient nous taquiner au mois de mars. Imaginez si plus tard, à nos enfants, on parle d’une légende, du temps d’la grosse. Je vous l’dis.

Si y a pas la grosse cette année, y va manquer quelque chose. L’hiver n’aura jamais vraiment fini, le printemps n’aura jamais vraiment commencé. Y va faire beau, y va faire chaud, juin va arriver, juillet va passer, mais ça ne sera pas l’été.

Ça sera une saison artificielle, une illusion.

Si jamais la grosse se montre dans les prochains jours, venez pas chez nous m’insulter. J’ai juste écrit un texte, j’ai pas fait la danse d’la neige. Bon, là, j’ai peur qu’y neige. Fuck.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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