MINNEAPOLIS — Le vice-président Mike Pence et Ivanka Trump seront en visite à Minneapolis, jeudi, pour marteler le message en faveur de la loi et l’ordre et ainsi démontrer leur soutien envers les forces policières dans la ville où l’Afro-Américain George Floyd est mort après avoir été arrêté par la police.
M. Pence et la fille du président Trump prévoient participer à un événement avec le groupe «Cops for Trump» («Policiers pour Trump») et des résidents qui «ont été affectés négativement par le crime et l’extrémisme violent», selon la campagne de réélection du président.
Donald Trump s’était lui-même rendu dans cette ville pour rencontrer des propriétaires de commerces dont les magasins ont été endommagés par les violences survenues après la mort de George Floyd. Le président ne s’était pas rendu sur les lieux des manifestations, ni à l’endroit où les policiers avaient arrêté M. Floyd qui était accusé d’avoir donné un faux billet de 20 $ dans un dépanneur. Il n’est pas prévu que M. Pence et Mme Trump visitent ces endroits.
Donald Trump espère arracher le Minnesota aux démocrates, quatre ans après avoir perdu de peu l’État au profit d’Hillary Clinton. Sa stratégie dépend en grande partie de l’augmentation du taux de participation dans les zones rurales, où il détient le plus d’appuis. Pour certains à Minneapolis, le message d’ordre public de la campagne est calculé, nuisible et sème la division.
«La haine et la peur sont bonnes pour obtenir des votes, mais elles ne sont pas bonnes pour gouverner», a souligné Paul Eaves, un habitant de Minneapolis qui a l’habitude de créer des oeuvres d’art et de placer des fleurs à l’intersection qui est devenue un mémorial pour M. Floyd.
M. Eaves, un homme blanc de 72 ans, a parlé du président comme d’un «politicien ignoble».
George Floyd est mort le 25 mai, après qu’un policier blanc eut placé son genou sur le cou de l’Afro-Américain menotté. Son arrestation musclée, qui a été captée sur vidéo, ainsi que sa mort qui a suivi ont provoqué des manifestations parfois violentes partout dans le monde. Les dommages matériels à Minneapolis sont estimés à environ 100 millions $US.
Après la mort de M. Floyd, une majorité de membres du conseil municipal se sont engagés à abolir le département de police et à le remplacer par une nouvelle agence qui adopterait une approche plus sociale. Leur intention de présenter l’idée aux électeurs en novembre a été bloquée par une commission municipale et ne se produira pas avant 2021.
Le débat sur l’abolition de la police est survenu alors que Minneapolis a vu cet été une augmentation des crimes violents, comme dans plusieurs autres grandes villes.
Belal Hijazi, propriétaire de la station-service Full Stop au nord de Minneapolis, a passé une nuit à protéger son magasin tandis que d’autres autour de lui brûlaient lors des débordements des manifestations. Depuis, dit-il, il a vu des gens profiter d’une présence policière réduite pour vendre plus librement de la drogue, flâner et voler à l’étalage.
«Si vous essayez de parler à ces types, ils vous montrent parfois des armes à feu», a déclaré M. Hijazi, qui a embauché un policier en civil pour aider à la sécurité.
Jeanelle Austin, âgée de 35 ans, est devenue la principale gardienne du George Floyd Memorial. Mme Austin, qui est Noire, croit que le message de la loi et l’ordre est un code pour augmenter l’intervention policière, visant à «faire en sorte que les Blancs se sentent en sécurité, ce qui constitue une menace directe pour les communautés noires et brunes».
Rozenia Fuller, pasteure de l’église baptiste Good News, à Minneapolis, a qualifié la visite de M. Pence et d’Ivanka Trump de «bonne idée».
«Je pense que la proximité est essentielle. Je pense qu’ils doivent être ici, sur le terrain, car ils entendent un faux récit sur qui nous sommes vraiment et ce que nous voulons vraiment», a expliqué la pasteure Fuller, qui est Noire.
«Je pense que tout mouvement qui ne peut pas résister à l’examen minutieux des forces extérieures est un mythe, donc ils sont les bienvenus. Tout le monde est le bienvenu dans cet espace.»
Amy Forliti et Mohamed Ibrahim, The Associated Press