Perfectionniste à la retraite

PARFAIT! C’était ça que je voulais être quand j’allais être grand. Être parfait. J’ai lamentablement, et HEUREUSEMENT, échoué. Je sais que y en a plein de même. Présentement, vous lisez plus vite parce que vous avez hâte de voir comment j’ai fait pour me calmer, si j’ai des trucs, comment vous pouvez au plus vite arrêter d’être perfectionniste. On est de même.

J’ai pogné ça jeune. Au primaire, quand le prof effaçait le tableau puis qu’il laissait un p’tit bout de craie, une miniligne d’un centimètre, je devenais mauvais. En dedans, ça me brûlait, j’écoutais pus ce qu’il disait. Dans ma tête, c’était juste : «Y reste une ligne! Y reste une ligne! Efface la ligne! Pourquoi il l’efface pas? On s’en fout, du bec de canard, le chiffre est plus grand que, plus petit que! Efface la ligne!» «Qui veut venir faire l’addition au tableau?» MOI! J’allais au tableau et j’effaçais la ligne. Là, j’entendais les trois autres mongoles perfectionnistes lâcher un soupir de soulagement.

C’était pas tant à l’école, dans les notes, que je voulais être parfait. Je voulais être une personne parfaite.

Y a-tu de quoi de plus plate et énervant que quelqu’un qui, visiblement, consciemment, essaie d’être parfait? Le perfectionniste en moi a eu son moment de gloire à 18 ou 19 ans, à Claire Lamarche. Dans une émission ayant comme thème «Les jeunes heureux ont leur histoire». Y avait environ 15 jeunes invités pour parler de leur aspiration à un monde meilleur et pour étaler leur grande sagesse. J’étais un de la gang. Karine Vanasse aussi. J’essayais juste de l’impressionner. À go, on rit. Go.

Des fois, mon perfectionnisme servait. Quand j’ai commencé ma carrière d’humoriste, ça me poussait. Mais avec le recul, ça m’a plus retenu, voire nui, qu’aidé. Tsé l’image, dans les films, de l’artiste fou qui déchire ses feuilles et qui a des envies de tout brûler son travail, même celui qui lui a donné du succès. C’est ça. J’étais fou.

Qu’est-ce qui a été le déclic pour me calmer les nerfs? La chute. (Ça, c’est pour ma gérante. Quin!) Quand ton perfectionnisme t’as bouffé la vie jusqu’au moindre souffle, tu choisis. Tu figes dans le temps, ou tu vis avec ce que t’as et ce que tu peux donner. J’ai fait le deuxième choix. Au fond, le truc le plus efficace, c’est de toucher le fond. Rien de nouveau.

Quoi faire si t’es un perfectionniste fini qui ne veut pas toucher le fond? Bonne question. T’acheter des échasses servira à rien, ça, c’est sûr. Ton entourage a dû te dire 100 fois quoi faire. Je te conseillerais de l’écouter et de le croire quand il te dit que t’es correct. Après, les outils viennent quand on les cherche.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.