Bonne année 52013

Bonne année 2013! Ou plutôt, bonne année 52013! 2013, c’est trop petit, trop réducteur, ça manque de vision. Ça fait environ 50 000 ans que notre espèce la plus moderne a vu le jour. Ça fait environ 50 000 ans qu’on a commencé à s’organiser socialement et à parler. Bref, moi, j’aime voir grand, j’aime voir loin, on est en 52013!

Ça peut-être décourageant, ou encourageant. Ça peut-être décourageant pour ceux qui s’offusquent constamment : «Comment ça qu’en 2013 ya encore…?» Ajouter 50 000 ans de répétition à nos comportements les plus ridicules, ça peut downer solide. En plus, ya 50 000 ans, on avait l’excuse de ne pas savoir. Là, on sait. On sait ben des affaires, mais on fait trop peu les bonnes affaires. C’est le plus frustrant.

Ou, ça peut-être encourageant pour ceux qui ont envie de lâcher prise. Comme avec l’ami qui te raconte sa quatrième rupture amoureuse de suite, du même maudit genre que les trois dernières. À un moment donné, tu te dis : «Bon, si ya toujours pas compris, y comprendra jamais.» Puis tu lâches prise, t’arrêtes d’espérer. Tu vis ta vie de ton mieux, puis tu mets l’accent sur tes amis qui ont un p’tit peu de lucidité pour avancer. Si après 52013 ans, y a plusieurs erreurs qu’on répète encore, y a matière à lâcher prise, puis à vivre sa vie.

Ce que je n’aime pas dans le 2013, c’est la réduction de la pensée collective. Nos pensées sont riches de milliers d’années d’évolution, de culture, de philosophie, d’observations, de visions du monde, de nous, puis on ramène ça à un p’tit 2 000 ans de rien du tout. Ça fait une différence quand on se projette dans un arbre généalogique de dizaines, voire de centaines de milliers d’années. On se sent plus grand, moins con, plus rempli. Puis ça rend l’avenir moins fataliste. On sait que le temps passe, que les civilisations naissent puis meurent. Avoir un spectre plus grand, autant de l’avant que de l’après, ça rend le moment présent plus serein, moins pressant. En tout cas, je trouve.

Le temps, c’est beaucoup plus qu’un calendrier avec des photos de chats. On est quand? On est là. Comment on est arrivé là? Parce qu’entre autres, un jour, y a environ 50 000 ans, on a commencé à se parler. Je trouve ça beau comme histoire. Jésus, c’est cool, mais l’an zéro à sa naissance, c’est comme… Come on, Jésus, fait pas ton frais. On est plus vieux que ça. Notre histoire remonte à plus loin.

Suivant la logique selon laquelle les civilisations meurent, notre calendrier va probablement disparaître un jour. Et cette date du 7 janvier 2013 où vous lisez ces mots deviendra un autre chiffre, suivi d’un autre mot et d’une autre année. Bref, c’est bien illusoire, des dates. Tout ce qu’il y a, dans le fond, c’est le moment présent. Le moment qui se passe là, pendant que vous lisez ces mots. C’est ce que je vous souhaite pour 2013, ou 52013, un paquet de beaux moments.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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