I have a dream!
Parlons succès. Patrick Huard, aux Francs-tireurs il y a deux semaines, est revenu sur son fameux rêve de gagner un Oscar. Sur les attaques dont il avait fait l’objet depuis qu’on savait qu’il rêvait de gagner le Saint Grall du cinéma. Prétentieux, disait-on. Sérieux, tu penses que c’est le seul comédien/réalisateur qui rêve de ça la nuit? Voyons! La seule différence, c’est qu’il l’a dit, qu’il assume son rêve. Quitte à avoir l’air fou.
Ça me dépasse. Comment peux-tu attaquer quelqu’un parce qu’il rêve? En quoi ça te nuit dans ta vie? Est-ce qu’il va aller voler TON Oscar? Ou aller chercher simplement le sien? Que ce soit un Oscar, un premier prix au concours de dessins Desjardins (ça existe-tu encore?) ou un prix Nobel, c’est quoi notre problème au Québec avec l’ambition personnelle?
Patrick a fait une belle remarque à ce sujet. Il demande ce qu’on dirait si Michel Therrien disait : «Ah non, la Coupe Stanley, êtes-vous fou! C’est ben trop gros. Voyons!» Je suppose qu’on se dirait sûrement que Michel ne voit pas assez grand, qu’il n’a pas de cran, puis on demanderait sa tête sur un plateau avec une pomme dans la bouche, puis des p’tits oignons rouges.
Maintenant, pourquoi Michel est-il obligé de voir grand et, si possible, de nous le dire et redire, alors que Patrick, ou toute autre personne qui rêve d’une récompense prestigieuse, n’a pas le droit de le dire?
J’en ai une petite idée. Le gros de la raison est qu’on s’identifie au Canadien de Montréal, alors qu’on se compare à Patrick Huard. Si le Canadien a du succès, c’est un peu notre fierté qui a du succès, on y goûte un peu au trophée, parce que notre identité, notre ego, y est attaché. Alors que pour Patrick, notre fierté est touchée, mais négativement. Parce que c’est un de nous autres. Un gars de notre clan, de notre entourage, qui a dit : « Moi,
je vais la monter la grosse montagne là-bas». Pis, il y en a qui n’aiment pas ça. Ils se sentent mal, inférieurs, ou je ne sais quoi. En fait, ils n’aiment pas ça jusqu’à ce que Patrick réussisse. S’il gagne un Oscar, ils vont donc être fiers qu’il soit Québécois! Ceux qui l’accusent de prétention, je les accuse d’égocentrisme hypocrite : «Où est MON succès dans ton succès?»
«Pourquoi ça serait toujours pour les autres?» a demandé Patrick à Richard Martineau. C’est une bonne question. On devrait se la poser au moins une fois par jour. Pourquoi ça serait pour les autres, la belle vie de couple? Pourquoi ça serait pour les autres, l’augmentation de salaire? Pourquoi ça serait pour les autres, le double sundae au caramel? Avouons-le, tous nos succès dans la vie ont été le fruit d’un : «Je veux ça, moi!» Et surtout, tous nos échecs ont été le fruit d’un : «Je pourrais jamais avoir ça, moi».
Alors, vivre et laisser vivre. Rêver et laisser rêver.
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