Touriste à l’aller, résidente au retour

«Life is a highway, and I wanna ride it all night long!» Ça, c’est la toune qui aurait joué dans le char de ma blonde si la radio avait fonctionné. Mais c’était le silence. Le silence et les paysages. De Saint-Hyacinthe à Saint-Armand, y a de quoi se rincer l’œil pas pire. Surtout en fin de soirée, quand le soleil amorce sa descente pour faire dodo.

«Prépare-toi mentalement, à soir on va à la frontière américaine la plus proche!» Y est 7h45. Un doux réveil. C’était lundi passé, avant que ma blonde parte travailler. Elle avait reçu le vendredi d’avant sa confirmation de résidence permanente au Canada. C’était la folie dans la maison. Chers amis en démarche pour votre résidence, vous comprenez. C’est un processus long et stressant qui dure des années. Ils te font remplir des papiers à te rendre fou, te demandent des antécédents de vie jusqu’à savoir la sorte de savon que t’utilisais entre mai et octobre 1998.

Donc, c’est la fête. Mais, y a un mais. Pour officialiser le tout, ça prend la signature d’un agent d’immigration sur le document. Pas de trouble, vendredi prochain, on ira à la frontière la plus proche faire signer ça. Ça, c’était le plan naïf. Deux jours, c’est en masse de temps pour qu’une fille change d’idée. En fait, deux minutes, c’est en masse de temps pour changer d’idée sur un choix de menu, du linge à porter, un plan de fin de soirée, un film à regarder… Deux jours, c’est… Quel fou de penser que vendredi tiendrait la route. Comme de fait, lundi matin: «Je peux pas attendre! On y va ce soir!» OK.

Quand on arrive au poste, on nous informe qu’on doit absolument passer la frontière américaine, pour ensuite revenir au Canada. Donc, au lieu d’un air bête, on a eu droit à deux airs bêtes. C’est fascinant.

Est-ce que la «bêtitude» s’accumule dans le visage avec les années, ou est-ce un critère de sélection pour être douanier? La LOURDEUR dans leur face! Si tu veux tuer un humoriste, remplis une salle de douaniers.

Donc, passe la frontière, débarque de l’auto, entre dans le poste, répond à des questions, rembarque dans l’auto, demi-tour vers le Canada, reposage de questions, redébarquage de l’auto. Attente dans une petite salle où on entend juste les moustiques exploser sur un méganéon mauve dehors. Aller-retour entre le comptoir et le banc. On nous dit qu’on vérifie des trucs, on s’assoit, on se lève. Puis: «Félicitations madame, vous êtes maintenant résidente permanente du Canada.»

Je l’ai pas entendu. Ce coup-là, LE bon coup, j’étais resté assis sur le banc à jouer au golf avec mon cellulaire. Je sais, quel con. J’avais plogué ma caméra vidéo avant de partir pour filmer le tout, je l’ai oubliée. Je sais, quel con. «T’aurais pu filmer avec ton cellulaire?» Je pouvais pas, je jouais au golf! Tu sais pas lire! De retour à la maison, on a fêté ça en se commandant de la poutine. Cliché, classique, bonheur. Je dirais même, nickel chrome.

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