À menton levé, langue souillée

On le sent tout de suite. C’est automatique. Quand quelqu’un au travail, à l’école, dans un commerce, nous éclabousse de power trip et de mépris. Sploush! Partout dans face! Y en a même qui entre dans nos narines, qui coule dans notre gorge, laisse un goût amer, puis finit dans notre estomac où le liquide tire sur nos tripes vers le bas et nous fait inévitablement nous sentir rabaissés.

Souriez. C’est ce que je fais. Pas toujours dans leur face, mais en dedans, je souris. Mon sourire intérieur absorbe le jus de mépris, le filtre, et le transforme en élixir de vie que je vends ensuite aux compagnies de bière. Tsé, le p’tit goût amer du houblon? C’est ça.

J’ai été dans la lune sur plusieurs choses dans ma vie. Le succès, les femmes, la gestion, la discipline, la bouffe, Canal Famille. Canal Famille, c’était pas le même genre de lune que les autres choses nommées. Je pognais le fixe. Jusqu’à Enfanforme, avec Joël Legendre et Élyse Marquis. C’était mon cue pour aller jouer avec mes Legos. Maudit que c’était plate.

Bref, plusieurs choses m’ont échappé, et m’échappent encore, mais j’ai eu la chance assez tôt de comprendre que, très, très souvent, plus grands sont le power trip et le mépris, plus fragile est la personne. Plus une personne joue de power trip et de mépris à notre égard, plus elle liche des culs la plupart du temps. Les pauvres qui passent autant de temps à quatre pattes, n’ont pas le choix de lever le menton une fois debout, question d’éviter que les gens sentent leur haleine de fesses.

Donc, je souris. Je souris parce que je sais que cette triste personne est captive d’une prison où elle est par choix. Par ce curieux choix de se joindre à un système, à une manière de vivre, de voir le monde selon une hiérarchie sociale, économique, professionnelle. Les pauvres, pour eux, la seule façon de se sentir digne, c’est avoir un statut, un titre, un diplôme, un chapeau melon.

Le stress! Les pauvres. Le stress continuel qui les bouffe de l’intérieur, comme Pacman qui flashe, devant la peur d’un jour perdre leur «titre» et du même coup, tout leur amour propre, leur confiance et le respect des autres. Parce que comme ils ne donnent leur respect qu’à ceux qui ont un titre, ils sont persuadés que les gens ne leur donnent du respect et de l’attention que pour la même raison. De quoi devenir fou.

Donc, à vous, «power tripeux», je vous souris et vous dis bonne chance. Puis peut-être qu’un jour, quand être vivant vous suffira, vous viendrez me jaser. On parlera des autres restés fous et d’Élyse Marquis qui faisait des squats sur une tranche de melon d’eau.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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