Liberté d’expression

Malade! L’autre jour je suis allé dans le bois. J’ai vu une montagne qui chantait du Joe Dassin! Comment ça, ç’a pas d’allure!? Heille!! J’ai le droit de penser et de dire ce que je veux!! LIBERTÉ D’EXPRESSION!!!!

C’est tout. SVP. On arrête. On arrête d’insulter la liberté d’expression. C’est trop important, trop beau pour être rabaissé, mélangé. Je sais que je suis en retard pour parler de Gilbert Rozon et de Jacques Villeneuve. C’est le prix à payer pour être old school et écrire dans un journal avec une journée de publication fixe. Avec l’internet, en 12 heures une nouvelle a été aussi usée qu’une toilette chimique le soir de la Saint-Jean.

Mais Gilbert et Jacquot vont me servir de tremplin pour plonger dans une eau plus profonde. Pour vous rafraîchir la mémoire, Jacques et Gilbert se sont prononcés en faveur de la hausse. Avec, au passage, pour Jacques, quelques petits commentaires juteux comme : «Fainéants. Retournez en classe. Travaillez.» Il sonnait comme un grand-père de la Gaspésie assis dans une barque.

Évidemment, ils ont eux droit à des contre-arguments, des désaccords, des insultes, et même des menaces physiques. Les insultes et les menaces, tout le monde est d’accord, c’est pas gracieux. C’est même abruti. Mais pour le reste…

«Laissez-les! Ils ont droit à leur opinion!! Liberté d’expression!!!» Ils ont le droit de penser et de dire ce qu’ils veulent. C’est pas ça, le point. Personne va mettre Jacques Villeneuve ou Gilbert en prison… En tout cas… pas ici. Y’a des pays où on te met en prison si tu ne penses pas comme le pouvoir et oses parler. La liberté d’expression, c’est le droit de dire ce qu’on pense, pas l’obligation pour les autres de respecter ce qu’on pense. Ça, c’est de l’aliénation.

«J’ai le droit de penser ce que je veux! Liberté d’expression! La montagne chante du Joe Dassin!!» Ben, tu viens de t’auto-enfermer dans une petite pièce aux murs blancs, capitonnés puis tu swignes ta tête devant derrière.

Je vais me battre toute ma vie pour que chaque idée ait le droit à son chemin, mais je vais me battre aussi pour que chaque idée ait droit à son jugement, à sa contre-
argumentation. La liberté d’expression, c’est le droit de dire ce qu’on pense. Que les mots sortent, soient publiés. La caricature de Mahomet censurée, ça c’est une atteinte à la liberté d’expression. Parce qu’une idée, une opinion n’a pas eu le droit à sa petite vie.

Mais une fois qu’une idée est sortie, partie avec sa salopette et son baluchon à la conquête du monde, sa liberté est gagnée. Le dossier est clos. La liberté d’expression est sauvée. On a entendu Jacques et Gilbert. Maintenant commence la discussion. Et amener des contre-arguments, qui affaiblissent une idée, ou même l’annulent complètement, c’est pas être contre sa liberté; ça, elle l’a déjà. C’est être contre l’aliénation, le sur-place, le statu quo, le nivellement vers le bas. Bref, c’est être pour la liberté d’évolution.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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