C’est quoi le rapport?

Vous êtes à combien à date? Combien de rapports différents avez-vous eus aujourd’hui au moment où vous lisez ces lignes? Un? Quatre? Sept? Chum-blonde. Client-caissier. Passager-chauffeur. Employé-patron. Étudiant-enseignant. Parent-enfant. Itinérant-passant. Citoyen-policier. Ça m’épuise. Un moment donné, on se perd. Souris à un, bête avec l’autre, distant pour un, proche de l’autre, écoute un, juge l’autre, soumis à un, domine l’autre. C’est lourd. Ça pèse trois hipsters et demi.

Ma question : rendu tout seul à la maison, vulnérable, en jogging sur le divan, un laptop sur les cuisses, un bol de chips vide par terre, c’est quoi notre rapport aux autres? À part essayer de ne pas tacher ses touches de clavier avec nos doigts orange. Je veux dire, il doit y avoir un lien relationnel qui nous unit malgré tout.

Une fois l’uniforme enlevé, la valise déposée, le sac à dos vidé, le nez de clown retiré, bref, une fois le masque social tombé. Qu’est-ce qu’il reste? L’esprit et le cœur? C’est profond, ça. Dans un film, j’aurais pointé lentement avec un regard intense ma tête et mon chest.

On se parle beaucoup ces temps-ci. Ça se jase autant que trois Français un soir d’élection présidentielle. Malheureusement, on est plus souvent en réaction qu’en discussion. Moi le premier. C’est normal. C’est humain. Dans une soirée, deux colons un peu chauds qui cherchent le trouble vont se trouver assez vite. Deux personnes qui ne se connaissent pas dans un bar et qui ont toutes deux envie de baiser jusqu’à temps que ça pue, même chose. La testostérone appelle la testostérone, le sexe appelle le sexe.

Depuis des mois au Québec, on se pine, on se cherche, on s’insulte. L’orgueil appelle l’orgueil, le mépris appelle le mépris, la violence appelle la violence. Mais aussi, parfois, l’intelligence appelle l’intelligence, le cœur appelle le cœur, le respect appelle le respect. C’est là que nous sommes à notre meilleur, je trouve. Sauf que souvent, on est à ce meilleur-là tout seul en jogging sur le divan. Une fois dehors, l’orgueil de l’un va piner le nôtre, la violence de l’autre va provoquer la nôtre, la nudité de l’un va offenser la non-nudité d’un autre, etc.

Bref, c’est quoi le rapport? C’est quoi le meilleur rapport qu’on peut avoir entre nous? Question de maximiser les discussions, et l’avancement pour le mieux des sujets qui y sont traités? Il y a matière à réflexion. Et je ne vous dis pas ça de chroniqueur à lecteurs,ou d’humoriste à public. Je dis ça de quelqu’un à quelqu’un. Les formalités de rapports relationnels m’ont toujours autant importé que la marque de savon à vaisselle sous mon évier. L’important, c’est pas ce que ça sent, c’est est-ce que ça mousse.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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