Décès de Jean Béliveau: anciens glorieux, amis et élus réagissent

L’annonce de la mort de Jean Béliveau, ancien joueur et capitaine des Canadiens de Montréal, a créé une onde de choc autant chez ses anciens coéquipiers que dans la communauté en général, où le « Gros Bill » endossait les causes au même rythme qu’il enfilait les points lors de ses glorieuses années.
Guy Carbonneau
«M. Béliveau représentait le modèle parfait. Ce fut un grand joueur, mais il était plus que cela. C’est ce qu’il faisait en dehors de la patinoire qu’il a fait de lui un homme « plus grand que nature ». C’est ce qui m’a le plus frappé en lui», souligne celui qui a chaussé les patins du Tricolore de 1982 à 1994 en plus de diriger les Glorieux de 2006 à 2009.
Âgé de 54 ans, Carbo avoue ne pas avoir beaucoup de souvenirs du joueur de hockey qu’était Jean Béliveau. «Quand j’étais jeune, je ne regardais pas beaucoup la télévision…je préférais jouer au hockey dehors. Toutefois, j’ai côtoyé M. Béliveau pendant mes années avec le Canadien. Je me rappelle en 1986 lors de notre conquête de la Coupe Stanley, j’avais toujours vu Jean Béliveau bien soigné avec la cravate et le veston. Et quand on est arrivé dans la chambre des joueurs après notre ultime victoire contre les Flames de Calgary, il nous attendait, sans veston avec la cravate tout croche. Il était aussi excité que nous», de rappeler Guy Carbonneau.
«Il avait le respect de tous. Il ne parlait pas beaucoup, mais il disait les bonnes choses quand il le faisait. Je me rappelle toutes les fois où nous discutions lors de repas ou au salon des Anciens en compagnie d’autres légendes comme Maurice Richard, Henri Richard, Yvan Cournoyer. Il était plaisant de les entendre parler des conquêtes de la Coupe Stanley, des hauts et des bas de l’équipe, etc. Je me servais de ce qu’ils disaient pour devenir meilleur.»
Mario Tremblay
Bien que la différence d’âge leur ait empêché de jouer sur la même glace, Mario Tremblay reconnait que le hockeyeur avait laissé une empreinte sur l’équipe. Jean Béliveau était considéré comme un père pour plusieurs.
«C’est un père en quelque sorte pour tous ceux qui ont évolué pour l’équipe. Je suis arrivé en 1974 et lui il a pris sa retraite en 1971», se rappelle-t-il.
Si Maurice Richard a marqué l’univers du hockey, Mario Tremblay croit que Jean Béliveau a poursuivi le lègue du Rocket. Sur la glace, les deux hockeyeurs avaient pourtant un style bien différent: «Maurice Richard c’était un « bulldozer », il n’avait pas peur de se battre alors que Jean Béliveau avait un fin coup de patin. Autant Maurice a rendu les Canadiens Français si fiers dans les années 1950 et 1960, après c’est Jean Béliveau qui l’a remplacé pour continuer le travail qu’il avait fait. Il était reconnu dans le monde entier.»
Serge Savard
Selon l’ancien joueur et directeur général des Canadiens de Montréal, Serge Savard, l’équipe vient de perdre son plus grand ambassadeur avec la mort de Jean Béliveau. L’ancien défenseur du Tricolore s’est dit sous le choc après l’annonce de la nouvelle, même s’il s’y attendait. «Je l’ai vu il y a quelques semaines et il était très malade», dit-il. Celui qui a joué quatre saisons avec «le gros Bill» parle d’un homme «vénéré par la population», à qui il ne connaissait aucun ennemi. «C’était un grand leader et probablement le plus grand capitaine qu’a eu le Canadien. C’était un homme simple, généreux de son temps.»
Gilbert Perreault
L’ex-joueur étoile des Sabres de Buffalo, Gilbert Perreault, a bien connu Jean Béliveau. «Il était une légende pour les gens de notre génération. Tout le monde, comme Lafleur, Dionne et moi, on voulait être un Jean Béliveau», se souvient Gilbert Perreault. En début de carrière au début des années 70, Gilbert Perreault a pu jouer contre son idole. «Je pense que j’ai joué deux ans contre lui. C’est toute une expérience qu’on ne peut oublier», a-t-il confié.
Pierre Bouchard
Selon l’ancien défenseur de l’équipe, «Le Canadien perd un gros morceau de son histoire». Jean Béliveau était l’idole d’enfance de Pierre Bouchard: «J’avais beaucoup d’admiration pour lui. Je portais même le numéro 4 en son honneur quand je jouais pour le Canadien junior.» Pierre Bouchard a côtoyé Jean Béliveau pendant une saison. «M. Béliveau avait joué trois saisons avec mon père. Je soupçonne qu’il a joué une saison de plus avec les Canadiens, à la demande de Sam Pollock, pour épauler la dizaine de jeunes joueurs qui sont arrivés la même année que moi. Il aurait pu continuer encore longtemps: il a compté 25 buts et a eu 51 passes cette année-là!»
Pierre Mondou
Lors de son arrivée avec le CH en 1976, Pierre Mondou a reçu son premier chèque de paie et le nom de Jean Béliveau y était inscrit à titre de vice-président de l’équipe. Il a même pensé en garder une copie tellement ça l’impressionnait. «C’était un grand homme. Sur la glace, il n’a pas besoin de présentation, mais ce qui m’a le plus impressionné de lui, c’est son comportement hors glace. C’était un ambassadeur, un idole, a-t-il commenté. Il avait tellement de classe, je ne garde que de bons souvenirs. Personne ne pourra lui trouver un défaut… Personne.»
Sa mairesse, Caroline St-Hilaire
Caroline St-Hilaire, mairesse de Longueuil, sur Facebook: «La Ville de Longueuil perd l’un de ses plus illustres citoyens. En plus de mettre en berne les drapeaux de l’hôtel de ville et sur tous les bâtiments municipaux, la Ville de Longueuil a prévu différentes façons de rendre hommage à monsieur Jean Béliveau.
-Une veillée aux chandelles se déroulera le vendredi 5 décembre, de 17h à 19h, devant la statue de bronze de Jean Béliveau située à l’extérieur du colisée portant le même nom.
-Signature d’un registre de condoléances au Colisée Jean-Béliveau, à compter du 3 décembre, tous les jours, de midi à 19h.
-Signature d’un registre de condoléances à l’Hôtel de Ville, à compter du 3 décembre à midi, pendant les heures d’ouverture des bureaux.
-Hommage à Jean Béliveau lors du conseil de ville du mardi 9 décembre à 19h.
-Création de l’adresse courriel hommage.jean.beliveau@ville.longueuil.qc.ca par laquelle les gens pourront envoyer des témoignages, souvenirs et bons mots à l’égard de monsieur Béliveau.
-Publication des témoignages sur le site Web de la Ville et ses médias sociaux.»
Son député, Bernard Drainville
Bernard Drainville, député de Marie-Victorin, a commenté la nouvelle sur Twitter: «Il entre dans la légende pour le joueur et pour l’homme qu’il a été. Je suis fier d’avoir été votre député. Si la famille le souhaite, je suggère que le gouvernement du Québec organise des funérailles nationales. Salut et merci à vous, M. Béliveau.»
Historien et ami
Michel Pratt, historien et président de la Société historique et culturelle du Marigot: « Ça a été depuis des décennies le plus grand ambassadeur de Longueuil. Étant sur le comité de toponymie (Nous avons une séance demain matin), il y a définitivement un potentiel pour un nom de rue ou plusieurs possibilités. Quand la mairesse dit sur son compte Facebook que Longueuil se souviendra, je pense qu’elle a passe un message. Je pense qu’elle ouvre la porte à quelque chose. C’est certain qu’on va en discuter dès demain matin. C’est quand même un personnage qui est hyper dominant. Un parc, une rue ou quelque chose d’autre, j’en n’ai aucune idée, mais il faudra y penser. Normalement, la politique de toponymie stipule que lorsqu’un personnage a été honoré quelque part, il ne revient pas. Sauf que dans le cas présent, c’est un cas exceptionnel. Je suis très sensible à ça.»