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Le gardien étoile qui garde les deux pieds sur terre

Jonathan Sirois, 22 ans, gardien titulaire du CF Montréal. Photo: Pablo A. Ortiz Sanhueza, Métro

Les souvenirs de la 83e minute du match d’ouverture du CF Montréal sont un peu flous dans la mémoire de Jonathan Sirois, même si cette partie ne s’est seulement déroulée qu’en février dernier. Le gardien partant du club, James Pantemis, tombe maladroitement sur le terrain, en douleur. Sirois, gardien substitut, enfile rapidement ses gants et saute sur le terrain. Après des années de sacrifices, le jeune Québécois de 21 ans fait finalement son entrée en MLS.

«Tout allait à 100 milles à l’heure», confie-t-il à Métro, qui le rencontre après un entraînement. «Je me disais: ne fais pas d’erreur, garde ça simple, et assure-toi que l’équipe reste en confiance.» Le mélange d’émotions complexifie la situation: son camarade est tombé au combat, mais son rêve de jouer pour le CF Montréal se concrétise.  

Parachuté dans le rôle de gardien numéro 1, le natif de LaSalle surprend toute la planète soccer dans les semaines suivantes en se transformant en véritable muraille devant le filet. Du 18 avril au 9 mai, il joue 448 minutes consécutives sans accorder un but, l’équivalent de près de cinq matchs. Un record d’équipe.

Jonathan Sirois a su rapidement s’adapter à la vitesse et aux habiletés techniques des vedettes de la MLS. Le temps de pratique se faisait pourtant rare, le club jouant anormalement beaucoup de parties ce printemps. «Je n’avais pas le choix d’apprendre sur le fly, pendant le match», explique-t-il.

La jeune sensation fait preuve d’un calme et une maturité déconcertante. «C’est important pour tout le monde que je reste terre à terre, que je ne me laisse pas emporter. Autant dans les hauts que dans les bas», note-t-il, alors que le CF Montréal sort d’une première moitié de saison en dents de scie.

Le gardien évite les distractions comme les réseaux sociaux et essaye de se concentrer sur le moment présent. «Un entraînement à la fois, un match à la fois», précise-t-il.

Jonathan Sirois s’apprête à arrêter un tir en entraînement. Pablo A. Ortiz Sanhueza/Métro

Travailler, et travailler encore

Jonathan Sirois s’est retrouvé le ballon aux pieds pour la première fois à l’âge de cinq ans. «Je viens d’une famille où bouger est important, peu importe le sport», raconte-t-il. Il est d’abord attaquant, mais recule progressivement vers l’arrière, se portant souvent volontaire pour garder les buts. «Dès mon jeune âge, j’avais cet amour de me jeter pour le ballon, de sacrifier mon corps.»

En entrant au secondaire, il doit choisir entre le soccer et le hockey, deux sports dans lesquels il excelle. Une décision «crève-cœur», souligne-t-il. Il opte finalement pour le ballon rond, en raison de la qualité de ses entraîneurs – «quasiment des deuxièmes pères» – et de l’ambiance «un peu moins toxique» qu’au hockey. La grande pression sur les jeunes et le comportement des parents à l’extérieur de la patinoire l’ont refroidi, explique-t-il.

Jonathan Sirois frappe toutefois un mur lorsqu’il n’est pas sélectionné pour les Jeux du Québec. «Ç’a été très dur à avaler, confie-t-il. J’ai vu tous mes amis partir, vivre cette expérience-là […], et moi je suis passé à côté.»

Ç’a été un élément déclencheur. J’ai réalisé qu’il fallait que je travaille plus fort que les autres, que je sois plus discipliné que les autres pour atteindre mes objectifs.

Jonathan Sirois, gardien du CF Montréal

Le rêve de devenir un joueur professionnel a pris forme pendant son adolescence, à son arrivée à l’Académie de l’Impact de Montréal. Toutefois, malgré ses ambitions grandissantes, Jonathan Sirois n’a jamais oublié que le soccer est d’abord et avant tout un jeu.

«Mes parents m’ont inculqué l’importance d’avoir du plaisir en premier, souligne-t-il. Même encore aujourd’hui, avant un match au stade, ils me textent toujours “aie du plaisir et profites-en!”.»

Jonathan Sirois, lors d’un match d’entraînement intraéquipe. Pablo A. Ortiz Sanhueza/Métro

Pression et fierté locales

Jonathan Sirois fait son retour avec le CF Montréal en 2023. Après une première année difficile avec l’équipe en 2020, où il n’a pas joué une seule minute, il a été prêté lors des deux dernières saisons au Valour FC de Winnipeg, dans la Première ligue canadienne.

Celui qui a grandi à Saint-Hubert avoue se mettre une pression supplémentaire en raison de ses racines locales. «Je suis un gars qui est né ici, qui a grandi ici, qui a cet amour-là pour le club. Je veux bien faire, non seulement pour moi, mais surtout pour les fans, parce que j’ai déjà été à leur place.»

C’est surtout la fierté de jouer pour le club de son enfance qui l’anime. Certains moments spéciaux vont certainement rester gravés dans sa mémoire, notamment le blanchissage à domicile contre le plus grand rival du CF Montréal, le Toronto FC, en mai dernier.

J’ai été ce petit gars-là dans les estrades. C’est un privilège de maintenant avoir un impact direct sur ce que le club peut accomplir.

Jonathan Sirois, gardien du CF Montréal

Jonathan Sirois veut d’abord et avant tout montrer à toute la ligue qu’il peut maintenir sa lancée et s’établir comme l’un des meilleurs gardiens en MLS. «Je n’ai pas atteint mon but encore. Je ne l’attendrai jamais non plus, parce que je suis toujours dans la recherche du progrès continu.»

Comment est-ce d’affronter des mégavedettes, alors que l’un des meilleurs joueurs de tous les temps, l’Argentin Lionel Messi, se joindra à l’Inter Miami? C’est toujours spécial d’arrêter les tirs de joueurs qu’il incarnait en jouant à des jeux vidéos, reconnaît le gardien. «Je ne suis pas ici par hasard. Ça a pris beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices, souligne-t-il toutefois. Ce n’est pas quelque chose qui m’intimide. C’est un défi de plus à surmonter.»

«Pour Messi, je vais y repenser quand le moment sera venu», conclut-il, sourire en coin. Jonathan Sirois y va un entraînement à la fois, un match à la fois, manifestement.

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