Dans quelques jours aura lieu l’élection du prochain gouvernement du Québec. Alors que de nombreux citoyens ont trouvé des réponses à leurs attentes dans les promesses des candidats, plusieurs personnalités autochtones déplorent que les enjeux touchant leurs communautés soient encore peu entendus.
Le 21 septembre dernier, quatre candidats (excluant le Parti conservateur du Québec) avaient débattu au sujet d’enjeux relatifs aux Autochtones. L’événement organisé par l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) avait pour objectif d’inscrire ces enjeux dans la campagne électorale.
Les sujets abordés concernaient la gouvernance, l’autodétermination, la question des territoires, des ressources et de l’économie, en passant par la santé, l’éducation et la protection de la culture et des langues autochtones. Selon le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, ces enjeux avaient alors été encore totalement évacués de la campagne. Et pourtant, ce dernier a été déçu du débat.
Depuis cet événement, les enjeux autochtones ne semblent pas avoir pris racine dans la campagne. Questionné à la veille de cette Journée nationale de la vérité et la réconciliation, le Grand Chef de la Nation Atikamekw, Constant Awashish, n’est pas surpris que de tels sujets ne soient pas assez abordés.
Je ne suis pas surpris que la question autochtone ne soit pas vraiment un grand enjeu pendant les élections. Je pense que ça a toujours été comme ça.
Constant Awashish, Grand Chef de la Nation Atikamekw
«Au niveau des votes, ce n’est pas là que tu vas te faire élire […] C’est plus une question morale de parler des Autochtones, explique le Grand Chef Awashish. En termes de nombre, on représente environ 4-5% de la population; eux, ce qu’ils veulent, c’est d’aller au pouvoir et, logiquement, ils vont chercher des votes ailleurs.»
Selon lui, au-delà de la question morale, il est nécessaire de voir les Autochtones différemment et de changer l’imaginaire collectif.
«Les élus nous voient comme un problème, comme un poids pour la société, dit-il. [Ils] n’ont pas cette capacité-là encore de nous voir de façon positive, c’est toujours du négatif et c’est là-dessus qu’il faut travailler.»
Parler de colonialisme et de génocide
Pour l’activiste et artiste mohawk Ellen Gabriel, les enjeux autochtones gardent une place superficielle dans le microcosme politique. C’est également le cas en période électorale.
«On entend parler des préoccupations au sujet des Autochtones, mais quand il est question des élections, c’est toujours quelque chose de différent, dit-elle. Il n’y a rien au sujet d’une vraie réconciliation, ou d’une réparation et d’une restitution, il n’y a rien au sujet de s’unir ensemble pour lutter contre la crise climatique ou encore de changer le cursus éducatif, qui est médiocre.»
Selon elle, il est impératif que la question du colonialisme et du génocide soit mise de l’avant et que de réelles discussions soient engagées sur ces sujets.
«On a besoin d’avoir des discussions honnêtes et en profondeur, et pas superficielles, explique Ellen Gabriel. Le vrai changement aura lieu quand on aura ces discussions.»