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Loi 96: c’est juste trois cours en français…

CHRONIQUE – L’amendement qui soulève de nombreuses inquiétudes concernant la loi 96 et qui semble être le plus mal compris par beaucoup de mes concitoyens francophones est l’ajout de trois classes enseignées en français dans les cégeps anglophones. L’amendement obligera les étudiants anglophones à suivre ces cours afin d’obtenir leur diplôme d’études collégiales (DEC).

J’ai vu ces préoccupations perçues par de nombreux francophones comme preuve d’arrogance et de résistance contre le français par les communautés anglophones et allophones.

“What’s the big deal? If you say you love (or speak) French, why are you panicking over three little classes?”

C’était LA question que j’ai vu les gens poser le plus souvent.

L’arrogance ou la résistance, c’est peut-être le cas pour une petite minorité d’entre nous, mais pas pour la plupart des anglophones et allophones.

Most English speakers I know not only understand they need to speak French, they want to speak French. They most certainly want their kids to.

Pourquoi ne pas demander aux experts?

Je ne connais pas de Québécois anglophones ou allophones qui refusent que leurs enfants apprennent le français. Tout comme je ne connais pas de Québécois francophones qui ne souhaitent pas que leurs enfants maîtrisent l’anglais. La maîtrise d’une deuxième langue est un atout, peu importe ce que vous faites dans la vie ou l’endroit où vous vivez.

L’exigence de trois cours est une mesure louable et, bien franchement, nécessaire à mon avis. If you’re going to live and work in Quebec, you should speak French. Ce n’est pas l’initiative en tant que telle qui pose un problème. C’est la façon dont elle est mise en œuvre.

The real problem? Zéro consultation. Zé-ro. Zilch.

Un amendement majeur sans l’apport des communautés linguistiques concernées et des enseignants et experts pédagogiques qui devront mettre en oeuvre ces changements sur le terrain, c’est, pour le dire simplement, la vraie arrogance.

Le gouvernement n’a jamais consulté le ministère de l’Enseignement supérieur, ni les pédagogues et administrateurs des cégeps. All political parties failed these kids. Les décisions ont été prises par des politiciens qui n’auront à assumer aucune des conséquences individuelles et administratives.

Beaucoup de questions, peu de réponses

Les administrateurs, les enseignants et les parents à qui j’ai parlé n’ont aucune idée de comment ces trois cours supplémentaires en français (en plus des deux autres cours qui sont déjà requis, pour un total de cinq cours) seront ajoutés.

Les questions que j’ai entendues le plus souvent?

“Who’s going to teach these courses? We have no French teachers!” C’est pas faux. Le Québec connaît une grave pénurie d’enseignants de français.

“Les cégeps anglophones devront-ils embaucher de nouveaux enseignants? Si oui, avec quel budget?” Le réseau des cégeps anglophones du Québec a connu d’importantes compressions budgétaires cette année.

“Will English-speaking teachers unable to teach in French lose their jobs?” Mon amie qui est enseignante au cégep ne sait même pas si elle aura un emploi l’année prochaine.

“Combien d’étudiants ayant des difficultés d’apprentissage passeront entre les mailles du filet?” Tout le monde n’a pas la facilité avec les langues.

Ce sont des inquiétudes tout à fait légitimes.

Certains d’entre vous diront: “Mais comment certains anglophones et allophones (environ 25-30%) arrivent-ils au cégep sans parler un français de base?” Aha! That’s the real question. Il y a des lacunes importantes quelque part en matière de maîtrise de la langue commune dans le réseau anglophone (le système francophone a des problèmes similaires avec l’enseignement de l’anglais). Donc le problème, ce n’est pas au cégep, mais bien avant.

Réévaluer la décision

Pourquoi ne s’attaque-t-on pas au problème à la source, pour donner à chacun la chance de mieux se préparer? Pourquoi les jeunes Québécois paient-ils le prix d’un système qui ne marche pas? Voulons-nous baisser davantage notre faible taux de diplomation?

Cinq cours supplémentaires en français en quatre semestres, c’est un fardeau supplémentaire pour la réussite des étudiants anglophones. C’est un fardeau qu’on n’a pas demandé aux étudiants francophones d’assumer. How is that fair?

Si l’objectif est d’améliorer la maîtrise et la connaissance du français des étudiants anglophones, ce n’est pas au cégep que ça va se passer. C’est bien avant. That’s where the real results and long-term benefits will be.

Car, pour l’instant, cette décision semble être moins de s’assurer que les étudiants anglophones améliorent leur français, que de les punir d’avoir choisi d’étudier dans leur langue.

*Toula Drimonis est auteure et rédige des chroniques pour divers médias anglophones. Métro l’a contactée pour une série de textes sur le point de vue anglophone du débat sur la loi 96. Voici le second de cinq textes.

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