Les DRM d'Ubisoft suscitent la grogne
Depuis peu, la compagnie Ubisoft a implémenté un nouveau système d’authentification de ses logiciels afin de contrer la contrefaçon de ses produits. Grâce au système Digital Right Management (DRM), la compagnie française espère ralentir les pirates qui lui volent des millions de dollars annuellement en copiant et en distribuant ses jeux illégalement sur l’internet. Personne n’aime se faire voler. Je comprends qu’Ubi veuille se prémunir contre un tel abus. Cependant, ce sont les clients honnêtes qui, indirectement, en paient le prix.
Beaucoup de plaintes!
Je n’ai jamais reçu autant de courriels de plainte que depuis l’instauration de cette nouvelle politique de la compagnie des frères Guillemot. Désormais, les clients de la compagnie devront absolument se brancher à l’internet afin de jouer aux titres nouvellement achetés. Ainsi, une authentification automatique valide la légalité du produit en ligne et permet à son propriétaire d’y jouer.
C’est bien beau, mais qu’advient-il si le joueur honnête n’est pas branché? La réponse est simple : il ne pourra pas jouer! Il en est de même si, malheureusement, les serveurs de la compagnie cessent de fonctionner pour une raison ou une autre. Est-ce vraiment juste et équitable? Je ne crois pas. Par contre, comment faire pour déjouer les voleurs virtuels? Voilà la véritable question!
Consommateurs captifs
Les grandes compagnies du jeu rendent captifs les consommateurs honnêtes. J’en discutais avec mon collègue et spécialiste en sécurité Benoit Gagnon (de www.analysedugeek.com). «Elles prennent les consommateurs légitimes en otages. Je paie pour la licence, je devrais pouvoir l’utiliser comme je veux, sans nécessairement avoir besoin de me brancher», estime-t-il.
Le parallèle avec les DRM d’iTunes est inévitable. Avant qu’Apple se ravise, les consommateurs se détournaient de la musique protégée au profit des sites pirates de poste à poste (P2P). Bon, il a fallu que la cause soit portée devant les tribunaux en France, mais le résultat demeure : finis les DRM musicaux.
Désormais, les contrats d’utilisation précisent que nous ne sommes plus responsables du bien acheté. Ils stipulent plutôt que nous avons un droit d’utilisation de la propriété intellectuelle de ladite compagnie. Nous achetons le droit d’utiliser sans pour autant devenir les propriétaires du produit.
À double tranchant…
Les DRM accomplissent trop bien leur tâche. Les compagnies de jeux doivent s’interroger sur la façon de bien protéger leur propriété intellectuelle, sans frustrer leurs clients légitimes. Comment ne pas mordre la main qui nous nourrit? Car la présente manière d’agir pourrait décourager les clients potentiels et éloigner les acheteurs réguliers.
Le fameux «nuage», le «cloud gaming», semble le nouveau nirvana de la propriété intellectuelle. En effet, comment pouvons-nous «craquer» un logiciel si, physiquement, nous n’avons rien copié? Mais attention, ce qui est fait par l’homme peut être défait par ce dernier aussi! Pour preuve, les DRM d’Ubisoft ont été «craqués» dès le premier jour…