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Les citoyens de Parc-Extension divisés au sujet des nouvelles pistes cyclables

Une piste cyclable, sur la rue Saint-Zotique. Photo: Matéo Gaurrand-Paradot, Archives Métro

Quartier isolé du reste de Montréal, dépourvu d’une piste cyclable sécuritaire pour se rendre dans les secteurs voisins, Parc-Extension a des allures de désert en matière d’infrastructures sécuritaires pour cyclistes. Dès cet été, des projets cyclables seront mis en branle dans le secteur et si des citoyens s’y opposent, d’autres les soutiennent.

En parlant avec Rachel Shugart, une cycliste et résidente de Parc-Extension engagée sur plusieurs fronts dans le quartier, on comprend vite que les citoyens du secteur sont divisés par la question des pistes cyclables. Ayant la plus forte densité de Montréal, et une des plus fortes au pays, Parc-Extension fait face à une importante pression sur les cases de stationnement.

Sécurité VS stationnements ?

Pour autant, Mme Shugart ainsi que Félicie Lamy, qui a lancé une pétition en soutien aux pistes cyclables, jugent que les infrastructures sécuritaires manquent dans le quartier. Actuellement, aucune piste cyclable protégée n’existe dans le secteur. En raison de cette situation, Rachel Shugart confie ne pas autoriser sa fille, qui étudie au secondaire, à aller à l’école à vélo, malgré les demandes de cette dernière. Elle estime que pédaler dans Parc-Extension est dangereux.

Mme Lamy justifie son appui aux pistes cyclables par de nombreuses études, à Toronto, à Montréal et en France, qui montrent l’impact positif – ou neutre – pour les commerces de remplacer des stationnements sur rue par des pistes cyclables. Il y a tout de même un hic que Rachel Shugart relève d’elle-même: nombre de résidents du coin travaillent dans des usines ou des centres d’appel mal desservis par le transport collectif, et ils n’ont d’autres choix que d’utiliser la voiture. Pour eux, se garer en rentrant du travail peut être un véritable casse-tête.

Or, le projet prévu par VSP va retirer 260 cases de stationnements. Une pétition s’oppose à ces suppressions de stationnement, et dans les commentaires, un citoyen rappelle également que Parc-Extension est un quartier ouvrier où certains travailleurs ont besoin d’une voiture. L’investigatrice d’une pétition contre les pistes cyclables Connie Buccheri évoque aussi de potentielles conséquences pour les commerces.

En réponse auxdites préoccupations, l’Arrondissement explique qu’il évaluera les changements de comportement, avec les nouvelles pistes cyclables et s’ajustera au besoin.

Le vélo, unique problème ?

Cependant, Mme Shugart croit fermement que la solution est, non pas de sacrifier des projets de pistes cyclables, mais plutôt de développer le transport collectif dans son quartier et vers les périphéries, surtout en dehors des heures traditionnelles. De plus, elle remarque que le nombre d’autos qui est en constante hausse créera des problèmes de plus ou plus importants de stationnements, et ce, que les pistes cyclables soient installées ou non.

Au contraire, ces pistes cyclables pourraient inciter des résidents de Parc-Extension à se déplacer en vélo. Ce qui entraînerait d’ailleurs un cercle vertueux, selon Mme Shugart qui pense qu’en voyant plus de cyclistes, la municipalité deviendrait plus efficace pour créer des installations sécuritaires qui relieraient Parc-Extension et le reste de Montréal.

La question des stationnements a beau être centrale dans le débat sur les pistes cyclables, le dernier rapport sur la mobilité des Parc-Exers démontre que l’usage de l’auto est minoritaire à travers tout le quartier. Vers la station de métro Parc, les personnes se rendant au travail en transport durable (vélo, marche, transport collectif) comptaient pour près de 72% de la population en 2016. Même vers l’autoroute 40, moins de la moitié des Parc-Exers (48%) utilisent l’auto.

Désaccords citoyens et politiques

La bataille des signatures pour les pétitions de Parc-Exers est toujours en cours au moment d’écrire ces lignes. La pétition qui dénonce la suppression de 250 cases de stationnement – en réalité 260 – a réuni 624 signataires. Cinq de plus, soit 629 personnes ont, pour leur part, appuyé les projets de pistes cyclables. Ces chiffres prouvent la division qui règne à Parc-Extension sur le sujet de la mobilité durable.

Un autre aspect qui agace les opposants aux pistes cyclables est le manque de communication, d’information et de consultation de la part des autorités municipales. La créatrice de la pétition opposée aux pistes cyclables affirme que le projet a été fait sans consultation. Par contre, l’Arrondissement a tenu une séance d’information, le 14 juin dernier, sur les projets controversés .

La division citoyenne se transborde à la politique. Ensemble Montréal, l’opposition au conseil d’Arrondissement, représente, par la conseillère Mary Deros, le district de Parc-Extension. Si Rachel Shugart juge Mary Deros opposée au projet «et à tout ce que fait Projet Montréal», le discours est différent du côté de la conseillère municipale. Celle-ci se déclare en faveur des projets qui encouragent la mobilité active.

Mme Deros s’étonne par contre que des citoyens n’aient pas reçu la documentation sur la séance d’information du 14 juin. Pire encore: dans une demande d’accès à l’information faite par Ensemble Montréal et que Métro a pu consulter, la Division de la mobilité et des études techniques de VSP dit, en mai dernier, ne pas disposer d’informations sur la faisabilité des projets cyclables.

VSP réfute ne pas avoir communiqué avec sa population. L’Arrondissement explique que ces projets sont nés, car dès 2015, lors de kiosques de consultation, le manque de sécurité pour les cyclistes avait été mis de l’avant par des citoyens. Une consultation citoyenne sur le plan d’apaisement de Parc-Extension s’est tenue à l’automne 2021.

Cette consultation aurait permis à l’Arrondissement de recueillir plusieurs commentaires de citoyens concernant les pistes cyclables, affirme les communications de VSP. Enfin, pour la séance d’information sur ces projets, l’Arrondissement a déployé plusieurs moyens pour prévenir sa population : dépliants bilingues, cartons postaux pour les citoyens, communiqué et messages sur les réseaux sociaux.

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