La Passat passe-t-elle encore?
La nouvelle génération de Passat a perdu de son lustre, du moins en ce qui concerne les variantes de base. Mais son prix d’entrée a radicalement diminué, de sorte que Volkswagen espère gros pour son intermédiaire. Est-ce que ça va marcher, et… à quel prix?
Simple, l’équation : génération dépouillée et prix réduit pour rejoindre la concurrence. Si l’on se fie à l’expérience Jetta, ça devrait vite signifier plus de ventes. Ce dont a bien besoin Volkswagen, qui veut devenir no 1 mondial d’ici 2018.
Au tour, donc, de la Passat de «passer au batte» de l’américanisation. Si les versions plus garnies restent dans une classe à part (pensez au connu V6 de 280 chevaux et aux belles touches de sophistication dans l’habitacle), de nouvelles versions de base se sont ajoutées. Et c’est là que ça fait mal.
Car pour réduire le prix d’entrée de 4 000 $ (maintenant à 24 000 $), il a fallu couper. Ça se ressent – et même, ça s’entend – dans une insonorisation moyenne, des craquements aux vitres et au pare-brise, des cliquetis à la console centrale et quelque part à l’arrière.
Ça se ressent – et ça se touche! – dans des plastiques durs, un design intérieur sobre (pour ne pas dire sombre), l’absence de bouches d’aération à l’arrière, des revêtements arides et peu invitants. Enfin, ça se découvre dans l’absence de traction intégrale (non, le 4Motion n’est pas reconduit), la non-désactivation du contrôle de traction (très désagréable en hiver), la disparition de l’optionnelle suspension sport et la non-existence d’une banquette chauffante (ce qu’une compacte comme la Hyundai Elantra offre pourtant). Oh, et ne cherchez plus la variante familiale.
Des bonnes nouvelles?
Ça, c’était pour les mauvaises nouvelles. Les bonnes, maintenant : notre Passat est dorénavant construite sur le continent – la première exécution de l’usine Chattanooga, au Tennessee. En outre, en étirant son empattement de presque 10 cm (!), la voiture offre tant d’espace aux jambes arrière qu’on dirait presque une limousine. Le coffre? «Caverneux», tant en largeur qu’en profondeur. On ne lui reproche que des charnières qui écrasent sans pitié ce qu’on ose placer dessous.
Si la version de base s’affiche, côté prix, dans la moyenne des autres intermédiaires, c’est parce qu’elle est livrée avec le cinq cylindres (2,5 litres) qui équipe aussi la Jetta. Certes, on en aime la souplesse et la douceur, mais 170 chevaux, c’est quand même limite pour une voiture qui, selon la balance, n’a maigri que de 50 kilos.
C’est limite aussi avec le quatre cylindres turbo diesel (2,0 litres). Il produit une poussée de 236 lb-pi, mais ne développe que 140 chevaux, pour des accélérations lourdes et un 0-100 km/h en 10 secondes; c’est pas rapide, rapide. Ajoutez un cliquetis de diesel que Volks n’a étrangement pas réussi à dissimuler ici, et voilà que l’expérience est moins crémeuse qu’attendue.
On se console avec une consommation frugale (toujours avec le TDI) de 5,4 L/100 km sur l’autoroute, mais la marche «prix» pour la TDI est haute : 3 500 $ de plus que pour la version de base.
Dépouillée
Sur la route, la Passat a perdu ce zeste germanique de palpitations au volant. La suspension s’est (trop) domestiquée, et la direction (pourtant pas électrique) est un brin lente à réagir. La conduite est devenue générique, sans grand feedback.
Des boîtes manuelles cinq et six vitesses sont livrées avec tous les niveaux d’équipement (quand même!), sauf avec le V6. L’automatique à double embrayage, qu’on adore ailleurs pour la rapidité de ses six passages, n’est pas à son meilleur avec le moteur TDI : lorsqu’on lève l’accélérateur, une espèce de «retient donc» freine notre course – et c’est dérangeant.
Cela dit, l’intermédiaire est une grande (dans tous les sens du terme) routière. De plus, on s’habitue vite à ses commandes – le Bluetooth est particulièrement user friendly. Le design? Élégant, classique… mais aussi générique qu’inoffensif.
Elle était autrefois dans une classe à part, cette Passat. Son prix aussi. Mais maintenant qu’on l’a dépouillée, elle rentre dans les rangs sans avoir trouvé de quoi se différencier. Mais si on se fie sur l’expérience Jetta, ça marchera.
POUR
- TDI : du 5,4 L/100 km
- Fabriquée en Amérique du Nord
- De l’espace à revendre à l’arrière
- Choix de trois moteurs, trois transmissions
- Prix d’entrée réduit de 4 000 $ (!)
CONTRE
- Finition de base perfectible
- Insonorisation moyenne
- Manque de puissance (TDI et cinq cylindres)
- Disparition de la traction intégrale
- Disparition de la variante familiale
- Contrôle de traction qui ne se désactive pas
- Conduite devenue générique