CHRONIQUE – Depuis quelques années, j’observe les comportements et postures face aux réchauffements climatiques, auxquels l’embrasement actuel ajoute, par la force des choses, certaines pistes réflexives.
Sauf erreur et évidemment sans prétention d’exhaustivité, l’enjeu semble s’articuler, ou plutôt mettre en opposition, quatre groupes principaux.
Les anti-vaxx
Sans surprise, les plus ardents négationnistes du phénomène climatique résident dans les cercles de ceux qui, hier encore, niaient l’existence de la récente pandémie. Comme le hasard fait bien les choses, ses leaders les plus vocaux – arnaqueurs de métier – le sont tout autant en ce qui a trait au réchauffement planétaire.
Leur leitmotiv? Facile : la science, et surtout ses ambassadeurs, constituent une merveilleuse arnaque.
Au point où il sera jugé plausible d’accuser les «gauchistes» d’avoir sciemment foutu le feu aux forêts, histoire de galvaniser le capital de sympathie afférent à leur cause. Variation sur thème, entendue hier encore: Legault et sa gang sont en fait des responsables des présents incendies, lesquels ont tous lieu aux alentours de sites miniers de graphite, histoire de faciliter l’accès à ceux-ci et favoriser l’industrie du char électrique, apparemment drôlement plus délétère, environnementalement parlant, que la pétrolière. Plus nono que ça, tu plonges dans un sous-marin non réglementaire.
Et comment identifier un de ces néo-charlatans? Tout simple: par leurs comptes PayPal, conçus dans l’unique dessein d’appâter les crédules, à grands coups de désinformation et théories débiles.
Les anti-wokes
Omniprésents dans quelques sphères médiatiques toutes-puissantes, les anti-wokes contrôlent une portion effarante du discours public, ici comme ailleurs[1]. Maladive, leur obsession occupe l’ensemble de la sphère discursive, reléguant aux oubliettes toute considération d’importance, notamment… la survie de l’humanité. Généralement pas trop cons (bien que toute règle comporte exception), ils savent pertinemment l’enflure artificielle apportée au phénomène, tout comme ils ne peuvent nier le cataclysme écologique dans lequel on s’enfonce davantage chaque jour. Mais bon, quoi de mieux qu’un petit clic pour conserver son job?
À titre d’anecdote, alors que les anti-wokes d’aujourd’hui cassaient du sucre temps plein sur le dos des femmes musulmanes, j’avais osé ceci: une chronique sur l’environnement, d’ordinaire cent mille fois moins lues que celles sur «l’identité», mais affublée d’une photo d’un niqab avec la mention «Ça suffit». Résultat? Un record de vues, en ce qui me concerne, le gag ayant même fait l’objet de reportages et ayant voyagé jusqu’en Europe.
Si on peut évidemment parler d’autres sujets que l’environnement, la réalité est la suivante: nos anti-wokes ne traitent JAMAIS de la question. Pas même une sur mille. Quand même comique de les imaginer expliquer à leurs petits enfants, une fois la planète en feu, que grand-papa préférait alarmer ses semblables de l’imminent danger que présentait une petite sirène noire, un fils de Superman bisexuel, et une patate en plastique émasculée, versus un réchauffement climatique bientôt hors contrôle.
Les éco-anxieux
Ils font de leur mieux, c’est-à-dire pas grand-chose, le contexte ayant des allures de pénitencier idéologique.
En fait, même si l’ensemble des éco-anxieux se promenaient demain en bixi, comme les grandes shops émettent pratiquement 70% des émissions nocives, appelons ça perdre son temps. En bref: pas de régulation normative de la part de l’État, pas de lutte crédible au phénomène.
Un mini-espoir? Celui-ci: devenir végétalien – ce qui est d’ailleurs à portée de tout un chacun – aiderait à réduire l’empreinte de façon considérable, l’industrie de la viande étant responsable de 14,5% des GES.
Autrement, burn, baby, burn.
Les je-m’en-fiche
Moins bêtes que les anti-vaxx et moins fallacieux que les anti-wokes, les je-m’en-fiche regardent les éco-anxieux d’un air hébété, du genre: relaxe, man, qu’est-ce que tu veux qu’on fasse?
Et il est bien là, le problème. Comme disait Einstein: l’humanité ne sera pas détruite par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.