Tracer le portrait de l’itinérance à Montréal, quartier par quartier
Mardi prochain, des dizaines de bénévoles sillonneront la province pour aller à la rencontre de la population itinérante. Le but: brosser un portrait unique à chaque quartier, spécialement à Montréal, où le phénomène est en constante évolution.
En entrevue avec Métro, le conseiller aux relations médias pour le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Danny Raymond, explique l’importance de cette cueillette de données d’envergure nationale qui aura lieu le 11 octobre.
:«Le but de l’exercice est de comprendre comment l’itinérance a évolué au Québec. Les données recueillies le soir du 11 octobre seront validées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour déterminer les tendances en matière d’itinérance au cours des dernières années, afin de mieux outiller le gouvernement dans sa manière de répondre efficacement à cet enjeu social.»
M. Raymond insiste également sur la rigueur du processus de formation des bénévoles qui participeront à la cueillette de données. «Tous les bénévoles sont formés par la Croix-Rouge en suivant un protocole strict. Il y a un réel défi de ne pas heurter cette population vulnérable. Il faut afficher un niveau d’écoute élevé tout en faisant preuve de sensibilité.»
Qualifier et quantifier l’itinérance
Danny Raymond précise qu’il y a eu une évolution marquée de l’itinérance dernièrement, soulignant que le phénomène s’est répandu à de nouveaux endroits dans la métropole.
Chaque Montréalais remarque cette tendance. C’est moins circonscrit dans des quartiers distincts et ça commence à s’élargir à des endroits. Cette « nouvelle itinérance » nous a poussé à vouloir brosser un portrait par quartier le plus représentatif possible.
Danny Raymond, conseiller aux relations médias pour le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
Dans ce contexte, le conseiller aux relations médias révèle que l’exercice du 11 octobre constitue le troisième du genre afin de mieux comprendre l’évolution de l’itinérance montréalaise et québécoise. Les deux dernières collectes de données ont eu lieu en 2015 et en 2018.
«Il y aurait eu un exercice en 2021, mais la pandémie a freiné notre élan. Nous souhaitons pérenniser l’exercice à des intervalles réguliers pour avoir le portrait le plus exact possible de l’itinérance à travers le temps. On veut connaître s’il y a eu des variations de l’itinérance à Montréal et ailleurs pour constater une évolution, de nouvelles tendances ou d’anciens enjeux qui refont surface», raconte M. Raymond.
À titre d’exemple, les chiffres obtenus en 2018 ont permis de comprendre que le nombre d’itinérants avaient substantiellement augmenté et que ces derniers n’étaient pas portés à aller dans les refuges par manque de places et de soins. Cela avait encouragé les élus gouvernementaux à créer un refuge temporaire à l’ancien hôpital Royal-Victoria afin de les accueillir durant l’hiver, en 2019.
Le conseiller ajoute que les données de 2018 ont fait comprendre que les services ne cadraient plus avec les besoins, mentionnant ainsi les nouveaux services offerts aux femmes et aux Autochtones en situation d’itinérance depuis.
Déroulement de la cueillette
Le dénombrement commencera à 18h le 11 octobre, après un rassemblement au YMCA du Centre-ville de Montréal. Les équipes de bénévoles seront ensuite affectées à différents quartiers pour aller à la rencontre des itinérants, formulaires à la main. L’important pour Danny Raymond est la coopération avec les itinérants et d’éviter de les stigmatiser.
«Il faut entrer en contact avec cette population sans les mépriser ou les frustrer. Le premier contact peut être difficile, et ils sont libres de ne pas répondre au questionnaire s’ils n’ont pas envie. Cependant, on veut que les itinérants participent parce que c’est vital à la réussite de notre étude», soutient-il.