Société

Comment lutter contre le tueur invisible qu’est la pollution de l’air ?

Daniel Casillas - Metro World News

Avec les changements climatiques, ce type de pollution est l’une des plus grandes menaces environnementales pour l’homme, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La pollution de l’air est devenue un problème de santé mondial majeur causant des millions de décès, qui pourraient être évités. Selon des données de l’OMS, on estime que, chaque année, l’exposition à la pollution aérienne cause sept millions de morts prématurées ainsi que la perte de millions d’années de vie en santé. De plus, cette problématique frappe le plus durement les régions les plus pauvres du monde.

«La pollution de l’air représente une menace pour la santé dans tous les pays, mais elle affecte le plus les habitants des pays à revenu faible et intermédiaire, a indiqué Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, alors qu’il présentait les nouvelles lignes directrices de l’agence pour lutter contre la pollution atmosphérique.

Les lignes directrices énumèrent ce type de pollution avec le changement climatique comme l’une des plus grandes menaces environnementales pour la santé humaine. Afin de réduire ces risques, l’OMS a resserré les indicateurs de la qualité de l’air pour les principaux polluants internationaux, fixant de nouvelles limites d’exposition humaine sûres pour six types de polluants : particules en suspension de moins de 2,5 microns de diamètre, particules inférieures à 10 microns, ozone, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre et monoxyde de carbone.

Par exemple, le seuil de sécurité de l’exposition au dioxyde d’azote était considéré comme étant de 40 microgrammes par mètre cube par an, mais les nouvelles directives l’abaissent à 10 mg/m3.

«Les nouvelles directives mondiales sur la qualité de l’air reflètent un consensus scientifique écrasant selon lequel les pays doivent limiter plus agressivement la pollution de l’air et protéger la santé de tous», explique en entrevue Laura Corlin, épidémiologiste à l’Université Tufts, aux États-Unis, qui étudie les effets de la pollution atmosphérique sur la santé.

Bien que ces nouvelles directives mondiales sur la qualité de l’air soient basées sur des preuves scientifiques et un consensus, elles ne sont pas juridiquement contraignantes, de sorte que les gouvernements du monde entier ne sont pas obligés de les respecter. Cependant, les pays peuvent s’engager à améliorer la qualité de l’air par plusieurs actions, telles que le passage à des sources d’énergie plus propres et l’élimination des combustibles fossiles.

En outre, les décideurs peuvent utiliser les nouvelles recommandations de l’OMS pour élaborer et mettre en œuvre de nouvelles politiques qui protègent la santé publique et l’environnement.


Trois questions à…

Jill Baumgartner, PhD, professeure associée en épidémiologie à l’Université McGill, et spécialiste en environnement et en santé

Quelle est la gravité du problème de la pollution de l’air ?

La pollution de l’air est l’une des plus grandes menaces environnementales pour la santé humaine, avec les changements climatiques. La charge de morbidité due à la pollution de l’air est en fait comparable à d’autres risques mondiaux comme le tabagisme et l’alimentation malsaine.

Parlez-nous des nouvelles directives mondiales sur la qualité de l’air.

Sur la base d’études sur la santé, menées au Canada et dans d’autres pays, l’OMS a réduit de moitié la directive annuelle sur la qualité de l’air pour les particules fines (PM2,5) de 10 microgrammes par mètre cube à 5. Il s’agit d’une réduction substantielle et a des implications importantes pour le Canada où environ 86 % des Canadiens vivent dans des régions où les niveaux de pollution atmosphérique dépassent les nouvelles lignes directrices de l’OMS.

Comment peut-on améliorer la qualité de l’air à Montréal ?

Il existe de nombreux appareils de chauffage alternatifs alimentés au gaz, à l’électricité ou à la biomasse transformée qui émettent des niveaux de polluants beaucoup plus faibles dans les maisons et les quartiers. Les autorités peuvent envisager l’introduction progressive de réglementations qui limitent la circulation, en particulier la circulation des camions diesel dans la ville ainsi que l’investissement continu dans les infrastructures qui soutiennent les modes de transport alternatifs, y compris le vélo et le transport en commun.


13

Nombre de décès prématurés causés par la pollution de l’air qui se produisent chaque minute dans le monde.

Et l’air à Montréal ?

La Ville de Montréal publie à chaque année un bilan de la qualité de l’air. En 2020, le RSQA (Réseau de surveillance de la qualité de l’air) comprenait 14 stations d’échantillonnage.

Ces dernières sont équipées d’analyseurs mesurant les concentrations de polluants tels que les particules fines (PM2,5), l’ozone (O3), le dioxyde de soufre (SO2), les oxydes d’azote (NOx) et le monoxyde de carbone (CO).

En 2020, seulement 21 jours de mauvaise qualité de l’air ont été enregistrés, ce qui représente une diminution de 22 jours par rapport à 2019.

En 2021, seulement huit jours de mauvaise qualité ont été enregistrés jusqu’à ce jour.

90%

Proportion des décès prématurés dus à la pollution qui surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Comment la pollution de l’air affecte-t-elle le corps humain?

Un tiers des décès dus aux accidents vasculaires cérébraux, au cancer du poumon et aux maladies cardiaques sont dus à la pollution de l’air.

-La pollution a un effet équivalent à celui du tabac et est beaucoup plus grave que, par exemple, les effets d’une consommation excessive de sel.

-Les polluants atmosphériques microscopiques peuvent submerger les défenses de notre corps et pénétrer profondément dans nos systèmes respiratoire et circulatoire, endommageant nos poumons, notre cœur et notre cerveau.

-L’ozone est l’un des principaux facteurs qui causent ou aggravent l’asthme.

-Le dioxyde d’azote et le dioxyde de soufre peuvent également provoquer de l’asthme, des symptômes bronchiques, une inflammation pulmonaire et une insuffisance pulmonaire.

Source : OMS

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