Finances et réseaux sociaux: entre bons coups et «red flags»
Les accros de TikTok ont sûrement tou.te.s déjà vu, entre une vidéo de chat et une nouvelle chorégraphie, du contenu en lien avec les finances. Comment investir dans la cryptomonnaie, quelles actions acheter pour devenir millionnaire, comment se préparer pour une récession, comment devenir propriétaire, quel compte épargne avoir… on dirait bien qu’on peut trouver réponse à toutes nos questions!
On espère ne surprendre personne en disant que si ça semble trop beau pour être vrai, c’est que ce l’est probablement. Si des créateur.rice.s de contenu font de l’éducation financière avec l’envie d’aider les autres, il y a aussi des gens malintentionnés qui donnent des conseils financiers sans avoir les compétences ou l’autorisation pour le faire.
«Pour donner des conseils financiers et diriger les consommateurs vers des produits financiers adaptés à leurs besoins, il faut être un professionnel dûment enregistré», explique Sylvain Théberge, directeur des relations médias, des affaires publiques et des communications à l’Autorité des marchés financiers (AMF).
«Ceci n’est pas un conseil financier»
L’AMF préconise de s’assurer qu’on reçoit des conseils financiers d’une personne qui peut en donner, mais aussi de se demander si on est devant un potentiel cas de fraude et de faire particulièrement attention aux personnes qui sont payées pour faire la promotion d’un produit ou d’un service financier.
Certains feront la promotion de produits d’investissement frauduleux ou inviteront les gens à investir en les dirigeant vers une plateforme de négociation en ligne frauduleuse.
Sylvain Théberge
Mais au-delà des faux conseiller.ère.s financier.ère.s, il y a des jeunes qui ont pris leurs finances en main et qui ont envie d’aider les autres à le faire aussi. Celle qui est derrière le compte Instagram Elle Investit est consciente que ses 18 000 abonné.e.s lui font confiance. «Je me mets beaucoup de responsabilités sur les épaules, estime-t-elle. J’ai l’obligation d’être honnête avec mon public, de respecter l’intelligence des gens et de ne pas abuser de leur confiance.»
Elle précise dans sa bio qu’il s’agit d’une «page éducative». Ses publications pleines de fuchsia et de références à la culture populaire s’adressent d’abord et avant tout aux femmes, qui sont souvent mises de côté quand on parle d’argent. «Elles m’écrivent pour me dire qu’elles n’avaient jamais compris tel ou tel concept jusqu’à ce qu’elles entendent mes explications. Elles me disent qu’elles réalisent qu’investir, ce n’est pas juste pour les hommes en veston et cravate», lance celle qui travaille comme avocate.
C’est aussi pour montrer que l’investissement n’est pas que pour les hommes d’affaires que Gabriel St-Pierre, derrière le compte TikTok Investir avec GSP, fait ses vidéos en simple t-shirt en vulgarisant la cryptomonnaie. Lui aussi estime qu’il a une responsabilité envers son public. «J’ai beaucoup de compagnies qui m’ont approché pour faire de la publicité, dit-il. Il y a juste une proposition que j’ai acceptée sur peut-être une vingtaine. Dans les autres cas, j’ai étudié un peu le projet et j’ai dit que je ne pouvais pas montrer ça aux personnes qui me suivent.»
Le jeune trentenaire, qui travaille en commerce en ligne, insiste sur un point: il ne donne pas de conseils financiers à ses 13 500 abonné.e.s. «Je le vois comme de l’éducation financière. Montrer comment ouvrir un compte, ce n’est pas un conseil financier. Par la suite, c’est à toi de voir quelles cryptos tu veux acheter et pourquoi.»
Attention aux «red flags»
Si nos deux investisseurs amateurs invitent toujours leurs abonné.e.s à faire des recherches de leur côté et qu’ils font autant preuve de prudence quand ils s’adressent à leur public, c’est aussi parce qu’ils savent que l’argent facile n’existe pas… mais que bien des gens le cherchent.
«Je ne veux pas donner l’impression que l’argent peut être fait rapidement et par tout le monde ni qu’on peut mettre toutes nos économies là-dedans, lance celle qui est derrière le compte Elle Investit. Des vidéos qui disent qu’on va faire 20 000 $ en un mois avec peu d’efforts, je n’aime pas ça.»
Selon Gabriel St-Pierre, ce genre de promesse de la part de créateur.rice.s de contenu doit être vu comme un très gros red flag. Mais même sans vous garantir que vous ferez des milliers en peu de temps, les personnes qui vantent un produit spécifique sans avoir de formation en finances méritent qu’on s’en méfie.
Il y en a beaucoup qui conseillent les gens en disant quoi acheter, mais dans le fond, ils se font payer et on ne le sait pas. Je ne trouve pas ça éthique.
Investir avec GSP
Ça peut être compliqué de distinguer un conseil financier malveillant d’un truc donné par quelqu’un qui veut nous aider à comprendre notre portefeuille. C’est d’autant plus vrai quand on sait que la majorité des gens qui suivent ce genre de contenu sont des jeunes à qui l’investissement n’est pas nécessairement familier. Une bonne dose de prudence est donc toujours recommandée!