En début de carrière, vaut-il la peine de consulter un.e conseiller.ère en finances personnelles pour nous guider dans nos placements? La réponse n’est ni noire ni blanche. Tout dépend de notre portefeuille et de la personne à qui on le confie.
De son côté, Jean-Pierre Gueyie, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, est catégorique: «Je recommande à toutes les personnes qui n’ont pas de qualifications en finance d’avoir recours à un conseiller spécialisé en finances personnelles.»
Oui, les honoraires d’un.e tel.le professionnel.le peuvent être élevés, pour la gestion de vos avoirs, mais on peut perdre davantage (ou empocher moins) sans ses précieux conseils, selon le professeur.
«Il y a des sous à aller chercher dont l’importance vaut la peine de payer les coûts.»
Jamais mieux servi que par soi-même
Hubert Coté Lecoin, fondateur du balado sur les finances personnelles Liberté 45, ne voit pas les choses du même œil. Sa réponse est tout aussi ferme: «Non, ça ne vaut pas la peine.»
Pour lui, les frais de gestion sont trop élevés.
«Si on décide d’investir par exemple 10 000 $ par année avec un conseiller, les frais au bout de 20 à 30 ans vont représenter des dizaines et des dizaines de milliers de dollars perdus.»
À toute personne qui aurait un portefeuille d’investissement de moins de 100 000$, Hubert Côté Lecoin suggère les placements autonomes. «Dans aucune situation un conseiller ne te donnerait un meilleur retour sur investissement que de le faire toi-même», croit-il.
Bon à savoir: les taux de gestion sont moins élevés plus vous avez de l’argent. Par exemple, ceux et celles qui disposent d’un capital de 500 000 $ paient un pourcentage moindre en frais de gestion sur les avoirs que les personnes investissant moins de 100 000 $.
Pour mousser les placements autonomes, Hubert fait une analogie culinaire. Les personnes qui s’occupent elles-mêmes de leurs investissements sont comme celles qui veulent apprendre à cuisiner. Ça peut être un peu long et compliqué avant de bien maîtriser la cuisine, mais, au bout du compte, on arrive à faire de bons repas sans trop dépenser.
Requérir les services d’un.e conseiller.ère, c’est comme faire affaire avec un service de livraison de prêt-à-manger. Tout est déjà fait pour le ou la client.e, mais c’est dispendieux.
Ce qu’Hubert recommande est plutôt l’investissement passif dans les fonds négociés en bourse. «C’est l’équivalent du bon vieux souper de famille, explique-t-il. Pas besoin de savoir faire à manger, pas besoin de payer quoi que ce soit, tu vas au souper, tu t’assois, tu manges, tu t’amuses.»
Cette manière d’investir fonctionne, sans frais de gestion, en simplement deux-trois clics sur n’importe quelle plateforme de courtage en ligne, comme Questrade ou Wealthsimple.
Poursuivant avec son analogie gourmande, Hubert explique que ces plateformes fonctionnent comme une épicerie où les paniers seraient déjà remplis. Ce sont des paniers prévisionnels remplis d’actions déjà diversifiées. Il s’agit simplement d’en prendre un et de rentrer chez soi pour se régaler.
Pour Hubert, l’investissement autonome n’a jamais été aussi simple qu’en 2022; c’est pourquoi il conseille de ne pas passer à côté de l’occasion.
«Si tu fais investir par quelqu’un d’autre ton premier 1000 $, c’est l’équivalent de demander à quelqu’un d’apprendre à marcher à ta place: tu vas toujours être à quatre pattes», illustre-t-il.
Aller plus loin
Mais en plus des conseiller.ère.s financier.ère.s, terme qui englobe toute personne qui vous aide à gérer votre argent (courtier.ère, agent.e d’assurance, employé.e de votre institution financière), il existe les planificateur.trice.s financier.ère.s qui vont au-delà de la gestion de portefeuille.
Leur travail mise plus sur le long terme en aidant la clientèle à atteindre ses objectifs de vie. Ils ou elles analysent les finances de celle-ci dans leur globalité en considérant, entre autres, toutes les dimensions légales et fiscales en lien avec ses objectifs à atteindre.
Les objectifs varient entre acheter une maison, financer les études d’enfants, devenir travailleur.euse autonome, ou emménager avec un partenaire amoureux. On consulte généralement un.e planificateur.trice pour des événements importants dans nos vies.
«Oui, ça peut coûter des sous, mais c’est un investissement qui peut nous apporter la tranquillité d’esprit», estime Chantal Lamoureux, présidente-directrice générale de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).
Effectivement, tout service a un coût. Dépendamment de la complexité de la situation financière, le tarif – souvent horaire – va varier.
Il est aussi possible de magasiner son ou sa planificateur.trice en vérifiant son profil sur le site de l’Autorité des marchés financiers pour s’assurer de ses compétences et ainsi développer un lien de confiance.
La règle d’or selon la PDG de l’IQPF, c’est d’y avoir recours plus tôt que tard.