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Payer plus pour manger autant

Montage: Métro Photo: Aja Koska/iStock

Lait, pain, viande, fruits: presque tout semble coûter plus cher dans le panier d’épicerie. Cette tendance inflationniste, la plus forte en 30 ans, s’accentuera dans les prochains mois, préviennent des experts, qui estiment qu’une famille canadienne de quatre personnes doit s’attendre à débourser près de 1000 $ de plus pour se nourrir en 2022.

Un ménage composé de deux adultes et de deux enfants de plus de neuf ans pourrait devoir dépenser plus de 300 $ par semaine pour faire son épicerie, ce qui équivaut à une hausse pouvant atteindre 7%, selon le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2022. C’est l’augmentation du prix des aliments la plus importante depuis la première publication de ce rapport, il y a 12 ans.

La semaine dernière, Statistique Canada a aussi sonné l’alarme. L’indice des prix à la consommation a augmenté de 5,1% de janvier 2021 à janvier 2022, soit la hausse la plus importante depuis celle de 1991. Or, le coût des aliments croît à un rythme plus rapide que les prix des autres biens et services.

Selon Statistique Canada, les aliments qui ont enregistré une hausse importante au Québec sont les graisses et les huiles comestibles (+23%), le bœuf (+13%), les fruits frais (+12%), la viande transformée (+9%) et les produits de boulangerie (+9%). Le porc (+8%), le poulet (+7%), le poisson (+5%) et les œufs (+4%) coûtent aussi plus cher. En revanche, les prix des légumes frais sont demeurés stables.

Variation de l’Indice des prix à la consommation de janvier 2021 à janvier 2022

Impacts en 2022

Suivant cette tendance, le problème que constitue l’insécurité alimentaire devrait également s’accentuer en 2022. 

Les experts de l’Université Dalhousie et des autres établissements qui ont participé au rapport prédisent notamment que les recours aux programmes et banques alimentaires devraient se multiplier. De plus, le nombre de vols dans les épiceries, un phénomène croissant depuis 2021, devrait s’intensifier. 

Les catégories des produits laitiers et des restaurants devraient connaître les plus grandes hausses, soit de 6 à 8%. Un examen récent de la Commission canadienne du lait explique cette prédiction par une certaine augmentation du coût de la production dans ce secteur, toujours selon le Rapport. 

14 700 $

Au Canada, une famille de quatre personnes constituée d’un homme (31 à 50 ans), d’une femme (31 à 50 ans), d’un garçon (14 à 18 ans) et d’une fille (9 à 13 ans) devrait prévoir en moyenne un budget alimentaire de 14 767,35 $ en 2022. 

«L’augmentation des coûts reliés à la main-d’œuvre, le pétrole, et donc le transport, fait augmenter le coût du lait. Et si le lait coûte plus cher, votre fromage, votre yogourt et les autres produits vont aussi coûter plus cher», estime Sébastien Rioux, professeur agrégé au Département de géographie de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie politique de l’alimentation et du bien-être. 

Du côté des restaurants, les experts prévoient que les prix devraient également connaître une hausse considérable en raison des prix des aliments, de la hausse des loyers et des problèmes de main-d’œuvre.

Une chaîne d’approvisionnement fragile 

Plusieurs éléments sont à la source de l’inflation abrupte des prix alimentaires. La crise climatique a notamment été grandement responsable de la hausse du prix de la viande en 2021, qui a grimpé de près de 10%. 

«L’un des facteurs les plus importants a été les aléas climatiques. Il y a eu plusieurs sécheresses et tornades, particulièrement dans le Midwest américain, qui a affecté la récolte de grains qui est ensuite utilisée pour nourrir le bétail», explique M. Rioux. 

La pandémie a révélé des problèmes structurels dans la chaîne d’approvisionnement en alimentation qui se sont illustrés par des étagères vides à l’épicerie. Sans l’abandonner, il faut revoir la mondialisation de l’alimentation.

Sébastien Rioux, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie politique de l’alimentation et du bien-être 

Malgré la position géographique du Canada et son climat saisonnier, les Canadiens consomment essentiellement les mêmes choses tout au long de l’année. Cette manière de consommer requiert le fonctionnement de chaînes d’approvisionnement internationales.

Une panoplie d’éléments, comme une pandémie ou le coût du pétrole, peuvent perturber ces chaînes internationales et affecter le coût du panier d’épicerie pour les familles.  

24e rang

En 2019, le Canada était au 18e rang de l’Indice de sécurité alimentaire mondiale. En 2021, le Canada se classe en 24e position. Ce recul s’explique en partie par le fait que les salaires des Canadiens n’ont majoritairement pas suivi l’inflation des prix alimentaires. 

«Redémarrer les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales, c’est comme diriger un grand bateau de croisière, mais avec des pagaies. Les aliments arriveront à destination, mais ce sera plus coûteux», écrivent les experts dans le rapport. 

Sur une note plus positive, le Québec, comme le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, devrait observer un taux d’inflation alimentaire inférieur à la moyenne canadienne, qui avoisine les 5%.

La série «Bouffe tes économies» se penche sur les impacts de la hausse du prix du panier d’épicerie sur le budget des familles montréalaises. Au menu: perspectives, témoignages et astuces. À lire dans la section Parlons cash.

À lire aussi dans cette série:

Le bio n’échappe pas à l’inflation
La folle organisation de l’épicerie, face à la hausse des prix
Des astuces pour bien manger sans se serrer la ceinture
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Bouffe tes économies

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