La terreur a frappé Beyrouth et Paris pour faucher la vie à plus d’une centaine d’innocents à l’aveuglette.
Rien ne peut justifier cette immonde barbarie, et les approches militaire et sécuritaire ont démontré leur limite pour l’éliminer. Pour l’éradiquer, il faut avoir la sagesse et la clairvoyance d’expliquer ses causes, ce qui ne veut aucunement dire l’excuser.
Le discours haineux, sectaire, raciste et violent prêché par un courant minoritaire au sein du monde musulman ne date pas d’aujourd’hui. Il plonge ses racines au temps des premiers califes.
Cette vision extrémiste d’un islamisme radical, réactionnaire, ultra-orthodoxe prônant la violence, notamment contre les musulmans, a été à l’origine de la première guerre civile de l’islam contre l’islam, il y a presque 14 siècles.
Toutefois, ce courant extrémiste n’a jamais réussi à s’imposer à la majorité des musulmans, même si historiquement, il a fait des percées localement, comme dans l’Afghanistan des talibans.
Justement, ce discours islamiste haineux n’est pas le moteur de l’avènement de Daech – l’acronyme arabe de l’État islamique en Irak et au Levant. Il n’en est qu’un véhicule.
La création de Daech est due principalement à l’occupation injuste de l’Irak par l’Amérique de George W. Bush. Une invasion criminelle qui a causé la mort de plus de cent mille civils irakiens, détruit les structures étatiques et sécuritaires du pays et offert le pouvoir aux chiites, au détriment des sunnites.
Dans ce chaos, non seulement Al-Qaïda a ouvert sa première succursale en Irak, mais elle a aplani la voie à l’avènement de Daech dans un pays jusque-là immunisé contre l’islamisme radical.
Pour comprendre encore plus les germes de cette folie barbare, on peut même déplacer le curseur de l’histoire à l’époque de la colonisation du monde musulman par l’Occident avec son lot d’humiliations et d’injustices.
Et que dire de la décolonisation, qui a charcuté le Proche-Orient en imposant des micro États outrageusement riches au détriment de la réalité historique de la région? Que dire du peuple palestinien qui attend son État promis par la communauté internationale depuis 1947? Que dire des dictatures arabes soutenues par l’Occident contre la volonté des peuples, au nom des sacro-saints intérêts économiques?
On peut aussi explorer ce passé tourmenté entre le monde musulman et l’Occident au temps de la Reconquista, de l’Inquisition espagnole, des croisades, voire de la conquête de Jérusalem par les musulmans en l’an 637.
Cela dit, comment expliquer le succès de l’islamisme radical auprès d’une partie de la jeunesse française issue de l’immigration?
Pour essayer de répondre à cette question, il faut remonter au 15 octobre 1983. Ce jour-là, leurs aînés ont lancé la Marche des beurs de Marseille vers Paris pour l’égalité et contre le racisme.
À cette époque, les jeunes des banlieues ont manifesté solennellement leur envie de faire partie de cette république laïque. Mais en vain. Trente-deux ans après cet échec, plusieurs membres de la génération suivante veulent la détruire!