Je cherchais un angle particulier pour parler du cinquième anniversaire de la loi sur le voile intégral en France, quand un ami m’a conseillé de réécouter Rachid Nekkaz, au micro de Paul Arcand, au 98,5 FM (*).
Rachid Nekkaz est cet homme d’affaires et militant politique algérien qui a créé un fonds d’un million d’euros en France pour s’acquitter de certaines amendes infligées aux femmes voilées intégralement, depuis l’entrée en vigueur de cette loi.
Rachid Nekkaz, qui a renoncé à sa nationalité française en 2013, est contre le port du niqab en Occident et se porte à la défense des femmes qui sont obligées de le porter dans certains pays musulmans, comme au Soudan.
L’intervention de Rachid Nekkaz au 98,5 FM va dans le sens de plusieurs revendications auxquelles j’ai adhéré en 2008, à l’occasion de la publication du rapport Bouchard-Taylor. Cette même vision a été plébiscitée par des gens sensés au Québec, notamment les trois anciens premiers ministres québécois, feu Jacques Parizeau, Bernard Landry et Lucien Bouchard.
La première revendication en lice est l’urgence de légiférer au sujet du port des signes religieux en se basant sur le respect de la dignité humaine telle qu’elle est universellement reconnue.
Malheureusement, comme l’a répété Rachid Nekkaz chez Paul Arcand, ce qui est inquiétant, c’est quand des pays qui symbolisent la liberté dans le monde instrumentalisent des micros-phénomènes comme le niqab – qui ne touche qu’une soixantaine de femmes au Canada, par exemple – à des fins électoralistes.
Rachid Nekkaz, qui a étudié la philosophie à la Sorbonne, évoque Voltaire pour défendre la liberté sacrée des femmes de porter ce qu’elles veulent dans la rue. C’est pour cette raison qu’il a décidé de ne pas payer les amendes des femmes qui portent le voile intégral dans un espace public fermé, comme les administrations, les centres commerciaux, les banques ou les écoles.
Justement, ce qui est apeurant, c’est que même ici, un État qui défend les droits universels de l’être humain, l’aveuglement de certains de nos politiciens encourage la stigmatisation de ces femmes voilées sur la voie publique!
En effet, l’invité du roi des ondes au Québec a énuméré les effets pervers de cette loi française sur le voile intégral. Non seulement elle a assigné à résidence des femmes, mais elle a favorisé le radicalisme islamique dans les banlieues françaises.
Et, ironie du sort, ce sont les contribuables français qui payaient ces femmes à rester à la maison pour s’abreuver du discours intégriste.
Dans ce dossier des signes religieux en Occident, en empruntant la voie de la confrontation, la France, la Belgique, la Hollande, la Suisse et peut-être prochainement l’Espagne et le Canada, au lieu de désamorcer la montée de l’islamisme radical, ne font que l’amplifier.
(*) Entrevue diffusée le mardi 13 octobre 2015.