Une inhabituelle pollution estivale prend New Delhi à la gorge
Déjà transformée en chaudron par la chaleur brûlante de juin, la capitale indienne New Delhi toussait jeudi dans un brouillard de poussière inhabituel pour cette saison, aggravant l’air d’une des villes les plus polluées de la planète.
Depuis plusieurs jours, la mégapole d’une vingtaine de millions d’habitants enregistre des niveaux de qualité de l’air exécrables et dangereux pour la santé. Une épaisse brume à l’odeur âcre, rappelant les hivers de pollution extrême, jette un voile sur le ciel et les rues. Un film de sable tapisse les surfaces des appartements.
« Si une telle situation survenait dans le monde occidental, les villes auraient été évacuées mais tout ce que nous pouvons faire c’est prier pour la pluie et que la poussière retombe », s’alarme Arvind Kumar, un chirurgien pulmonaire.
Alors que les mois de chaleur sont normalement plus respirables, avec un mercure pouvant monter à plus de 45 degrés Celsius, les concentrations de matières particulaires PM10 atteignaient en début d’après-midi jeudi jusqu’à 1300 microgrammes par mètre cube (µg/m3). Soit plus de 25 fois la limite de 50µg/m3 sur 24h recommandée par l’OMS.
Les PM10 sont des particules en suspension dont le diamètre ne dépasse pas 10 micromètres. En inhalant de l’oxygène, elles peuvent s’infiltrer dans les poumons et une exposition à long terme est susceptible d’entraîner de graves problèmes de santé.
Alors qu’en hiver le froid a pour effet de plaquer au sol les émissions produites par l’homme, cet épisode de pollution est lui attribué à des vents forts soufflant des déserts d’Asie centrale jusqu’au nord-ouest de l’Inde.
« C’est un phénomène très inhabituel que l’on ne voit qu’environ une fois par décennie. La poussière ne retombe pas et le ciel est obscur », a déclaré à l’AFP Mahesh Palawat, vie-président de météorologie et de changement climatique à SkyMet Weather.
« C’est assez différent de la pollution d’hiver. Cette fois c’est la poussière la coupable. Cela peut causer des problèmes de respiration à beaucoup de gens », a-t-il précisé.
Les nombreux chantiers à ciel ouvert de la capitale, dont les courants d’air viennent soulever la poussière, contribuent à aggraver la situation, avertissent les experts.
Si tous les résidents de Delhi sont affectés, les enfants, le troisième âge et les personnes avec des problèmes respiratoires sont les plus vulnérables à cet épisode de pollution, d’après les médecins.
La mousson, qui améliore nettement la qualité de l’air grâce aux pluies, ne devrait pas atteindre la capitale indienne avant environ deux semaines. Cet épisode de pollution est appelé à perdurer plusieurs jours encore, d’après les prévisions météorologiques.