Lutte à l’Ebola: «un moment crucial», selon l’OMS
GENÈVE, Suisse — L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) accélère ses efforts avec neuf pays voisins du Congo pour tenter d’empêcher la propagation de l’épidémie actuelle de virus Ebola au-delà des frontières, a déclaré mercredi un directeur de l’OMS pour l’Afrique, au moment où un de ses collègues prévenait que les prochaines semaines décideront si la maladie est gardée sous contrôle ou pas.
Les deux pays prioritaires sont la République centrafricaine et la République du Congo, près de l’épicentre de l’épidémie, a déclaré Matshidiso Moeti lors d’une session de l’Assemblée mondiale de la santé. En République du Congo, par exemple, l’OMS collabore avec des responsables gouvernementaux pour fermer un marché de son côté du fleuve Congo.
Les autres pays sont l’Angola, le Burundi, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie, la Zambie et, dans une moindre mesure, l’Ouganda. L’OMS et les gouvernements s’emploient à déployer les biens de «pré-positions» qui pourraient être nécessaires si le virus se propageait, a indiqué M. Moeti.
Le ministère congolais de la Santé a annoncé mercredi six nouveaux cas possibles dans la zone de santé rurale d’Iboko, dans le nord-ouest du pays, et deux autres à Wangata, en banlieue de Mbandaka, une ville de 1,2 million de personnes sur les rives du fleuve Congo.
Il y a maintenant 28 cas confirmés d’Ebola, 21 cas probables et neuf cas possibles.
Dans l’ensemble, depuis que le ministère a confirmé l’éclosion de la fièvre hémorragique souvent mortelle le 8 mai, le nombre de morts s’élève à 27, avec trois décès confirmés comme ayant été causés par l’Ebola.
«Nous avons atteint un moment crucial, d’un point de vue épidémiologique: les prochaines semaines nous diront si cette épidémie va s’étendre aux zones urbaines ou si nous pourrons la garder sous contrôle», a déclaré lors de la session de l’AMS le docteur Peter Salama, le chef des urgences de l’OMS.
Des facteurs comme la propagation de cas confirmés à la ville de Mbandaka et le fait que cinq travailleurs de la santé ont été infectés font craindre une expansion potentielle de l’épidémie et témoignent d’un «potentiel d’amplification supplémentaire».
Les travailleurs de première ligne sont particulièrement à risque de contracter le virus, qui se propage au contact des fluides corporels des personnes infectées, y compris les morts.
Enfin, a déclaré le docteur Salama, l’épidémie a «trois ou quatre épicentres séparés», ce qui la rend plus difficile à endiguer.
«C’est vraiment le travail de détective épidémiologique qui va décider de l’issue; il documente la façon dont les gens sont infectés et ça permet donc de contrôler la transmission», a expliqué le docteur Salama.
«Nous suivons trois chaînes de transmission distinctes, a-t-il ajouté. Une associée à un enterrement qui a eu lieu dans une ville voisine de Bikoro, un associée à une visite à un centre de santé à plus de 80 kilomètres dans le petit village d’Iboko et une autre où nous recueillons encore des données et liée à une cérémonie religieuse.»
Chacune a le potentiel d’augmenter si elle n’est pas contrôlée, a-t-il prévenu.
L’OMS a lancé une campagne de vaccination cette semaine et utilise une approche de «vaccination en anneau», ciblant les contacts des personnes infectées ou soupçonnées d’infection, puis les contacts de ces personnes.
Il n’y a pas de traitement spécifique contre l’Ebola. Les symptômes comprennent de la fièvre, des vomissements, de la diarrhée, des douleurs musculaires et parfois des saignements internes et externes. Le virus peut être mortel dans 90 pour cent des cas, selon la souche.
Le directeur général de l’OMS, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, a simplement déclaré: «Nous surveillons (la maladie) 24 heures sur 24, 7 jours sur 7».