L’implantation d’une clôture à la gare Parc continue de susciter la controverse
Depuis le 13 mai, une clôture plantée sur l’avenue Ogilvy empêche les piétons et les cyclistes de Parc-Extension de traverser la voie ferrée à la gare Parc pour se rendre dans le quartier Villeray. Cette décision soulève l’ire de citoyens qui réclament à la Ville de Montréal de rouvrir ce passage.
«Dans Parc-Extension, on est une communauté qui est relativement enclavée. Les accès par la voie ferrée sont importants pour nous, car ce sont des accès directs aux parcs et au quartier Villeray», explique Isabelle Larrivée, résidente de Parc-Extension depuis plus de treize ans.
Dans un courriel envoyé à Métro, le Canadien Pacifique (CP), propriétaire de l’aménagement ferroviaire, soutient que le passage qui permet de raccorder les rues Ogilvy et De Castelnau, n’avait jamais été destiné à servir de passage à niveau pour le public. Il a plutôt été aménagé pour permettre aux utilisateurs du train de banlieue de la société EXO de se rendre aux quais de la station de métro Parc. «En raison d’un accès et d’une utilisation inappropriés de la connexion interplateformes de la station Parc, EXO l’a fermée le mois dernier».
C’est une explication que n’achète pas la mairie de l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.
«On n’a pas eu de rapport qui nous indiquait qu’il y avait des enjeux de sécurité sur ce dossier. Non seulement on n’en voyait pas, mais maintenant, on voit plus de difficulté au niveau de la mobilité piétonne et cyclable», affirme France Émond, directrice du cabinet de la mairesse Giuliana Fumagalli.
Afin de faire entendre leur mécontentement, des citoyens du quartier ont créé le groupe Facebook Ouvrons la voie – Make way. Quelque 500 personnes font partie de ce groupe.
Isabelle Larrivée martèle que le groupe va «continuer de taper le clou des élus» et faire beaucoup de pression auprès de la Ville au cours des prochaines semaines.
Un dossier qui tarde à se régler
Le manque de passages à niveau dans la métropole tarde à se régler. En 2017, la Ville de Montréal demande à l’Office des transports du Canada (OFC) de permettre l’aménagement de cinq passages pour piétons et cyclistes sur les voies ferrées du CP qui refusait de le faire pour des enjeux de sécurité.
Deux ans plus tard, l’OFC autorise la Ville à aménager trois nouveaux passages à niveau sur son territoire si elle en assumait les coûts, notamment à l’angle de l’avenue Ogilvy et de la rue de Castelnau. Dans un communiqué, le conseiller Sylvain Ouellet avait alors salué le fait que «les citoyens et citoyennes de Villeray et de Parc-Extension n’auront plus besoin de faire des détours pour se rendre au parc Jarry ou à la gare de train Parc.»
Pour Guillaume Lavoie, candidat d’Ensemble Montréal à la mairie de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, ce n’est pas normal que le passage de la gare Parc soit encore bloqué en 2021.
Il se dit surpris et fâché que depuis deux ans, malgré cette permission de l’OTC, rien n’a été fait.
«Si je suis élu à la mairie de l’arrondissement, ce dossier sera une priorité pour moi. Ce passage-là sera ouvert dans les semaines ou les mois qui vont suivre les élections», affirme Guillaume Lavoie.
De son côté, la candidate à la mairie de l’arrondissement pour Projet Montréal, Laurence Lavigne Lalonde, comprend également la colère des résidents face à la problématique. En entrevue avec Métro, Mme Lalonde précise que des discussions entre la Ville de Montréal et le CP ont lieu depuis un an pour créer un lien permanent entre Villeray et Parc-Extension.
«Ce projet-là avance bien et on espère être capable de débuter les travaux à l’automne prochain», explique-t-elle.
Plusieurs discussions, peu d’actions
Selon France Émond, les équipes de l’arrondissement Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension travaillent en collaboration avec les équipes de la ville-centre pour régler le problème à la gare Parc.
Toutefois, elle juge que ce projet n’est pas une priorité pour l’administration Plante.
«Au-delà des belles paroles, les actions n’avancent pas comme on le voudrait», affirme-t-elle.
Ce sentiment est partagé par Isabelle Larrivée, jugeant que lors de la dernière assemblée générale d’EXO, le 16 août dernier, peu de réponses claires ont été données aux questions des citoyens sur le sujet.