Les besoins en aide alimentaire sont sur le point «d’exploser» dans le quartier, croient les acteurs du milieu communautaire de la Petite-Patrie qui constatent les effets pervers de la crise économique créés par la pandémie de la COVID-19.
« Il y a beaucoup de gens qui font appel à nos services que l’on voit pour la première fois. Certains d’entre eux viennent même de l’extérieur de l’arrondissement parce que les ressources ne sont pas égales partout », souligne Nathalie Bouchard, directrice du Centre de ressources et d’action communautaire de La Petite-Patrie (CRACPP).
Dans les récentes semaines, cette dernière a vu la demande pour les paniers du comptoir alimentaire de l’organisme grimper vertigineusement.
« En temps normal, on sert maximum 25 personnes au comptoir par jour. Durant la première semaine d’isolement, C’est passé à une trentaine par jour et cette semaine on ne pourra pas répondre à toute la demande, qui va sans doute atteindre 50 par jour », affirme la directrice.
Celle-ci entrevoit une « explosion dans les prochaines semaines », car elle croit que la crise n’en est qu’à ses débuts.
« On a beaucoup de petits travailleurs qui étaient « borderline », qui avaient besoin de notre aide alimentaire qu’occasionnellement, mais qui sont devenus des réguliers. Même quand la pandémie sera terminée, on s’attend à connaître une crise alimentaire »-Nathalie Bouchard, directrice du Centre de ressources et d’action communautaire de La Petite-Patrie (CRACPP)
En effet, Mme Bouchard pense qu’à la suite des nombreuses mises à pied, des diminutions de revenus et de la hausse des prix en alimentation, plusieurs ménages de la classe moyenne « glisseront » dans la pauvreté.
Une appréhension qui est partagée par Philippe Rouleau, Responsable du milieu communautaire au Regroupement des tables de concertation de La Petite-Patrie (RTCPP), qui rassemble de nombreux organismes dans le quartier.
« Il y a beaucoup d’inquiétude sur le terrain. De plus en plus de gens se retrouvent sur le chômage et font appel aux organismes communautaires. Par ailleurs, il y a de nombreuses personnes qui vivent dans l’isolement dans la Petite-Patrie, des aînés qui n’ont pas accès à internet et à l’information sur les services disponibles. On cherche à rejoindre ces gens », affirme-t-il.
Réorganisation
La crise sanitaire force aussi la restructuration des services octroyés par les organismes tels que le CRACPP.
Par exemple, le comptoir alimentaire n’est désormais plus accessible sur place, par souci d’éviter la contamination.
« Tout se fait par livraison. On a un camion réfrigéré et un employé qui fait ça à temps plein », indique Mme Bouchard.
De plus, le centre en tant que tel a été obligé de fermer ses portes, incluant l’accès à l’épicerie solidaire, situés au 6839, rue Drolet.
« On est passé d’une équipe de 20 à 5 personnes. En renfort, deux employés ont fait venir leurs colocataires, puisque ceux-ci partagent déjà le même logement, et mon fils vient me donner un coup de main », raconte la directrice.
L’Arrondissement de Rosemont – La Petite-Patrie a aussi fait preuve d’un bel élan de solidarité en dépêchant une équipe constituée de ses employés afin de prendre les commandes et les appels téléphoniques du centre.
Pour l’instant, le CRACPP aurait assez de bénévoles, mais serait en manque criant de denrées alimentaires.
« On demande aux épiceries, aux restaurants et aux cafés de faire don de ce qu’ils ont en trop. On a besoin de stock en gros. Ne vous déplacez pas pour nous donner deux sacs de riz, car on veut éviter les contacts inutiles. Nous avons la capacité d’aller chercher les dons si nécessaire », souligne Mme Bouchard.
De son côté, M. Rouleau propose aux gens en santé et âgés de moins de 70 ans de se rendre sur la plateforme JeBenevole.ca pour offrir de leur temps dans les organismes communautaires de leur quartier.
Le portail a été mis à jour hier pour répondre à la demande créée par la crise sanitaire.