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Institut Douglas: Faire de la prévention chez les jeunes face à la psychose

Photo: Gracieuseté

Srividya Iyer listée parmi Les femmes canadiennes en santé mondiale. Elle est chercheuse à l’Institut Douglas et pour le programme d’évaluation, d’intervention et de prévention des psychoses. Elle travaille aussi sur la santé mentale des jeunes et l’intervention précoce, en particulier dans les premières phases de la psychose.

«Souvent, [lors d’un épisode psychotique], il y a une perte de contact avec la réalité, explique Srividya Iyer. Par exemple, lors d’hallucinations tu vois ou tu entends des choses qui ne sont pas là. Elles sont des croyances auxquelles les personnes tiennent fermement, qui n’aident pas ou qui ne sont pas adaptées. Par exemple, tu peux devenir paranoïaque et penser que les autres sont contre toi ou qu’une force supérieure contrôle tes pensées et actions.»

Les symptômes sont d’autant plus nombreux que les personnes l’expérimentent de manière différente.

Il existe plusieurs phases menant à la psychose. La prémorbide se déroule de la naissance aux premiers signes précurseurs de la maladie. Elle est suivie par le prodrome qui a lieu dès les premiers signes jusqu’au premier épisode psychotique.

«Détecter une psychose peut être difficile, surtout à un stade précoce, parce qu’elle fait son apparition à la fin de l’adolescence ou au début de la vie adulte. Pour les garçons, cela arrive généralement plus tôt que chez les filles. À cette période de la vie, plusieurs changements opèrent en même temps, qu’ils soient liés à l’humeur ou au développement mental et social. Pour les familles, ça peut être difficile de séparer ce qu’il se passe des problèmes potentiellement liés à la santé mentale», reconnaît la chercheuse.

Arrive ensuite la phase aigüe. «Parfois, la personne vit les symptômes pour une durée suffisamment longue et avec un impact suffisamment grand qu’elle finit aux urgences ou doit se faire hospitaliser», prévient la professionnelle.

Avec un traitement, la dernière étape s’appelle le rétablissement. «C’est un processus subjectif, ce qui signifie que les gens doivent définir ce qui leur tient personnellement à cœur, soutient Srividya Iyer. Pour certains, il s’agit de relations sérieuses, de travail ou d’école. Quand bien même ils continueraient d’avoir des symptômes, ils seraient en voie de rétablissement s’ils obtiennent ces résultats.»

Elle précise qu’il est question de rétablissement et non de guérison.

Facteurs
La psychose n’est pas due à un facteur en particulier, mais elle est la conséquence de plusieurs d’entre eux. «La génétique joue un rôle, mais toutes les personnes qui ont un historique familial ne développeront pas une psychose. De même, ce ne sont pas toutes les personnes qui développent une psychose qui ont quelqu’un de leur famille qui l’a développé avant eux», indique la chercheuse avant d’ajouter que plusieurs gènes sont à prendre en considération dans la maladie.

Depuis une vingtaine d’années, des facteurs sociaux sont de plus en plus étudiés et montrent que les traumas lors de l’enfance augmentent les risques. C’est également le cas pour la vie urbaine par rapport à la vie rurale, ou encore à l’immigration.

«Si on regroupe tous ces éléments, cela signifie que les gens qui expérimentent l’adversité et le stress sont plus enclins à développer une psychose», conclut Srividya Iyer.

À la liste s’ajoute la prise de drogues, particulièrement de cannabis.

Prévention
Ces informations permettent aux chercheurs de faire de la prévention, notamment chez les jeunes puisque 75% des cas de psychose se développent entre l’âge de 12 et 25 ans.

«L’idée d’une intervention précoce vise à s’assurer que plus de jeunes vont chercher de l’aide et le font au plus tôt, souligne la chercheuse. Cela requiert de travailler avec les professeurs, les docteurs de famille, ou encore avec les cégeps. Nous avons besoin d’aider tous ceux qui ont de plus grandes capacités à savoir qui peut expérimenter [un épisode psychotique] ou si quelqu’un vient leur parler, on a besoin de savoir quoi leur dire. Il s’agit d’identifier, d’aider et de référer de manière appropriée.»

Cette étape est d’autant plus importante que les préjugés sur la santé mentale peuvent dissuader certaines familles à chercher de l’aide.

Selon la professionnelle, le système doit ensuite répondre rapidement aux demandes, par exemple, avec des programmes pour lesquels il n’y a pas de listes d’attente, ou la visite chez son médecin de famille est non-obligatoire. Il doit aussi le faire avec des soins de qualité, comme des médicaments, de la thérapie, de la présence des membres de la famille et des pairs aidants.

«Pour la psychose, il y a plein de preuves qui prouvent que si tu démontres des avancées dans les deux à cinq premières années, tu as plus de chances d’avoir de résultats par la suite. Étant jeune, si tu ne reçois pas l’aide nécessaire, ça t’impacte bien plus parce que c’est à cet âge que tu tombes amoureux, que tu deviens diplômé, que tu vas dans le monde du travail, entre autres», insiste-t-elle.

Srividya Iyer privilégie une approche holistique, qui prend en considération la personne dans son ensemble.

Pour plus d’infos.

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