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La Petite-Bourgogne accueille un bloc party pour les 50 ans du hip-hop

Photo: iStock

Il y a 50 ans, le 11 août 1973, DJ Kool Herc performait à un bloc party dans le Bronx, à New York, marquant ainsi la naissance du mouvement hip-hop dans le monde. Devant l’absence d’initiative des grands festivals montréalais pour souligner l’évènement cet été, l’animateur et artiste Kevin Calixte, accompagné d’autres acteurs de la scène hip-hop montréalaise, a pris le taureau par les cornes en organisant un bloc party digne de cet anniversaire samedi prochain, le 5 août, en plein cœur de la Petite-Bourgogne.

«Je veux qu’on se sente dans le Bronx», affirme d’emblée Kevin Calixte, qui organise l’évènement présenté par Harlem of the North, un collectif d’artiste œuvrant pour redonner aux quartiers démunis. Il tient son nom de celui anciennement donné au quartier du Sud-Ouest dans lequel se tient le bloc party.

Graffeurs, DJs, Emcees, breakdancers et beatboxers: les cinq éléments du hip-hop y seront fièrement représentés dans le but de «souligner et remercier» les artisans du hip-hop montréalais, assure M. Calixte.

On a voulu représenter ce qui va se passer dans différentes villes dans le monde tout en respectant comment le hip-hop est né, c’est-à-dire avec un bloc party dans un quartier où se trouve la richesse culturelle.

Kevin Calixte un des organisateurs du bloc party pour les 50 dans du hip hop.

Pas de barricades, pas de scène surélevée, cette fête se veut fidèle à celles ayant donné naissance au mouvement.

Programmation

Dès midi, la fête commencera dans le parc Vinet, et s’étirera jusqu’à 23h. Des DJ joueront des tubes des 5 décennies, marquant l’évolution du hip-hop, faisant voyager les fêtards dans le temps de manière chronologique. DJ Red Dreadd commencera la soirée aux platines, de 12h15 à 14h, jouant des pièces marquantes des années 1973 à 1983.

Il sera suivi de DJ Manifest dès 14h30 qui jouera des rythmes sortis tout droit des années 1983 à 1993. Juste après, Godfather D enchaînera avec des tubes de la décennie 1993 à 2003. DJ Godsta prendra ensuite le relais jusqu’à l’année 2013. C’est finalement DJ Quest qui ramènera fêtards au présent, terminant la soirée.

Les DJset seront entrecoupés de différentes performances, notamment celle de Rainmen, autre figure marquante du hip hop montréalais. L’Artiste Meryem montera également sur scène. De la nourriture sera servie sur place et des artistes de différentes disciplines seront présents, comme Marvin Clervaux qui exposera ses œuvres représentant des icônes du rap et du hip-hop montréalais.

Kevin Calixte n’est pas le seul à avoir fait des pieds et des mains pour tenir un tel évènement, en collaboration avec la Ville et l’Arrondissement du Sud-Ouest. La coordinatrice du bloc party, Mercedes Jean Pierre, Fabi Justin du collectif Harlem of the North ainsi que Laurraine Leblanc de Living Legends Agency sont aussi des piliers du projet. «Ces trois femmes sont la raison pour laquelle cet évènement peut avoir lieu», assure l’animateur et artiste.

Une célébration (presque) passée sous silence

Les Grammys et les Junos ont souligné le demi-siècle du mouvement, tout comme plusieurs villes d’Amérique du Nord, dont New York, Philadelphie, Vancouver et Toronto. Celles-ci voient des célébrations s’organiser sur leur territoire, qui se tiendront lors de la prochaine semaine.

Avec ses nombreux festivals d’art urbain et de hip-hop comme Mural et Metro Metro, ainsi que le spectacle Rap Queb Monuments des Francos, M. Calixte croyait que la métropole soulignerait avec davantage de ferveur un anniversaire aussi important.

Mais mis à part quelques DJ set du Festival international de jazz de Montréal, l’évènement n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait, croit Kevin Calixte. Pourtant, «depuis le début de l’ascension du hip-hop, on a fait partie du mouvement», dit celui qui anime l’émission le Keke Show sur la chaîne Natyf TV.

D’autant plus que le hip-hop est omniprésent à Montréal. «Tu prends un Uber, c’est du hip-hop qui joue, tu vas au resto, c’est du hip-hop qui joue, tu entres dans un magasin, c’est encore su hip-hop qui joue», image-t-il.

Kevin Calixte n’en tient toutefois pas rigueur aux organisateurs des différents festivals. «Tu sais eux [les programmateurs], ils tiennent des business. Nous, on a grandi là-dedans, ce n’est pas la même chose et c’est correct», explique-t-il, soulignant l’importance que la communauté concernée soit derrière ce type d’organisation.

«J’ai un cousin qui s’est fait assassiner au début des années 2000. L’album qui m’a permis de passer à travers ma dépression, c’est le Black album de Jay-Z», met-il en contexte. Kevin Calixte mentionne la richesse des sons ainsi que les enregistrements de la mère de Jay-Z qu’on peut entendre au début de certaines pièces qui l’ont aidé directement.

Il souligne, à travers cette tranche de vie, comment ses histoires, comme celles de plusieurs autres Montréalais et Montréalaises, sont intrinsèquement liées à celles racontées par les artisans de la culture hip-hop.

Une culture montréalaise à part entière

Pour M. Calixte, souligner les 50 ans d’un tel mouvement, c’est célébrer une culture autrefois marginalisée qui est devenue omniprésente. «Parce qu’à la base, le hip-hop c’est exprimer les inégalités, la frustration. C’est beaucoup de personnes qui sont démunies ou racisées qui veulent tout simplement proférer un certain message. Pis là, c’est rendu dans n’importe quelle institution», se réjouit-il.

Il insiste: le hip-hop est omniprésent. Dans les écoles secondaires, les jeunes de tous les milieux écoutent les vedettes locales telles que Rymz, Tizzo, Souldia, 5sang14. «Au Québec, il y a peut-être encore une certaine réticence par rapport à certains artistes, mais c’est indéniable qu’ils ont le support des gens, et c’est la population qui décide ce qu’elle veut écouter», assume M. Calixte.

S’ils avaient toute la machine monétaire derrière eux, ces artistes-là seraient à un autre niveau.

Kevin Calixte, un des organisateur du bloc party pour les 50 ans du hip hop.

Ceux-ci accueillent à eux seuls des centaines de spectateurs à chacun de leurs spectacles et font les gros festivals «sans le soutien des spins radio». M. Calixte juge que les artistes hip-hop montréalais d’aujourd’hui compétitionnent avec les Ariane Moffatt et autres artistes du «mainstream pop Québécois».

Le rendez-vous est donc à midi au parc Vinet dans la Petite-Bourgogne pour s’imprégner de la richesse de la culture hip hop montréalaise.

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