Des militants du droit au logement intensifient la pression auprès des différents paliers de gouvernement pour éviter le pire à l’approche de la période des déménagements. En vélo et en voiture, plus d’une dizaine de personnes ont sillonné les rues du Sud-Ouest, jeudi, pour revendiquer de l’aide aux locataires à la recherche d’un toit.
Dans l’arrondissement, le taux d’inoccupation est à 0,3%, ce qui préoccupe le POPIR-Comité logement, organisateur de la manifestation. «C’est le plus bas de l’île de Montréal. Le seuil d’équilibre est considéré à 3%», évoque l’organisatrice communautaire, Sandrine Belley.
Au moins une vingtaine de ménages du Sud-Ouest ont demandé l’aide de l’organisme pour trouver un logement. Pour l’ensemble de l’île de Montréal, ce chiffre grimpe à 300.
La reprise des audiences de la Régie du logement, qui remet à l’ordre du jour les évictions, augmente aussi les inquiétudes.
Banderoles et pancartes à la main, les manifestants ont scandé des slogans demandant davantage d’investissements pour rénover des HLM, le 4 juin. «Des condos, y’en a trop. On veut des logements sociaux!», «Nous, on veut des HLM au cœur des quartiers qu’on aime!», ont-ils notamment crié devant un HLM de la rue Notre-Dame Ouest, dans la Petite-Bourgogne.
Dans leur parcours, ils se sont arrêtés devant six adresses, dont des logements sociaux et des immeubles où les résidents sont menacés d’évictions. Plusieurs d’entre eux ont accueilli les manifestants à leur arrivée.
Mesures
La Ville de Montréal a mis sur pied un service de référence pour accompagner les ménages dans leurs recherches ou leur offrir de l’hébergement temporaire. C’est toutefois insuffisant aux yeux du POPIR, qui interpelle également Québec et Ottawa.
«On veut qu’il y ait des subventions qui soient débloquées, des suppléments aux loyers parce que les logements qui sont sur le marché en ce moment sont très chers à cause de la pénurie, même s’ils ne sont pas en bon état. Les grands logements pour les familles, il n’y en a pas dans le Sud-Ouest», explique Mme Belley.
Le programme de supplément permet aux locataires de payer un loyer équivalant à 25% de leurs revenus. L’Office municipal d’habitation finance par une subvention l’écart entre le prix payé par le locataire et le coût de gestion de l’appartement.
Visites difficiles
La pandémie a eu pour effet d’empêcher des ménages évincés de visiter des logements. C’est le cas de Manon Dubé qui cherchait toujours un toit à moins d’un mois du 1er juillet. En décembre, son propriétaire lui a annoncé qu’elle devait quitter son logement parce qu’il jumelait les unités pour en faire un seul.
«Je fais le tour des rues. La Ville me donne des listes où je dois aller voir des studios. Un 1 1/2, c’est ‘mets-moi dans une boîte et ferme la boîte’. Ce n’est pas vivable. En plus, où j’appelle, ils ne prennent aucun animal. Je ne ferai pas euthanasier mes animaux, des petits chiwawas», a-t-elle témoigné par l’entremise d’un haut-parleur dont était munie la voiture qui accompagnait le groupe.
Mme Dubé dit être confrontée à des prix exorbitants dans l’arrondissement ou à des logements situés à l’extérieur de Saint-Henri où elle aimerait continuer à vivre.
Selon les militants du POPIR, le gouvernement Legault devrait prévoir dans son plan de relance économique de l’argent pour les HLM.
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La Ville de Montréal réclame un fonds d’urgence de 5 M$ du gouvernement Legault pour accompagner les ménages vulnérables en recherche d’un logement.