Semer la graine de l’agriculture urbaine chez les jeunes
Il n’est jamais trop tôt pour défricher tous les bienfaits de l’agriculture urbaine, une pratique en plein essor à Montréal. C’est l’avis de l’organisme Concertation en sécurité alimentaire de Saint-Léonard, qui a contribué cet été à faire découvrir aux jeunes de son quartier le monde bioalimentaire grâce à une série d’ateliers divertissants et gratuits, dont un portant sur l’élevage de poules.
Les petites curieuses et les petits curieux ont commencé par la base, avec un atelier d’initiation à l’agriculture urbaine, pour ensuite explorer le monde des pollinisateurs en scrutant à la loupe plantes, insectes et autres trésors organiques que recèle un jardin mellifère.
Finalement, la poule a été au cœur de l’ultime atelier de la programmation, intitulé La poule, bien plus que des œufs, tenu le 16 août.
Grâce à ces enrichissantes activités estivales, nul doute que des graines de curiosité envers l’agriculture urbaine, sous ses diverses formes, auront été semées chez le public en herbe. Et peut-être que l’organisme léonardois inspirera d’autres quartiers à initier à leur tour leurs jeunes aux richesses de l’agriculture urbaine?
Découvrir l’élevage de poules
Les enfants du camp de jour du B.A.D.R., un centre communautaire aidant les familles et les jeunes de Saint-Léonard, ont reçu une invitée de choix lors de l’ultime atelier d’agriculture urbaine: Mémé, «la plus docile de mes poules», présentait le formateur Martin Boisvert, du Semoir. Lui et son public attentif étaient réunis dans la cour de la bibliothèque, bien à l’abri des cuisants rayons du soleil.
La poule maternelle qu’il tenait affectueusement dans ses bras avait fait trois heures de route pour venir à la rencontre des enfants du camp de jour. «Je savais que ça créerait de la réaction», s’est réjouie Mylène Thériault, de Concertation en sécurité alimentaire, devant l’entrain suscité par Mémé.
À quoi vous fait penser la forme de son bec? Pourquoi la poule change-t-elle de couleur? Quels sont ses prédateurs? De quoi est faite la coquille d’un œuf? Martin a posé toutes sortes de questions à son auditoire attentif, qui a ponctué l’atelier de «wow!» (en apprenant que les poules de l’espèce Araucana pondent des œufs bleu pâle), de «hein!» (en réalisant qu’on peut manger des œufs fécondés) et autres «ahhh!» à la vue de la photo d’un poussin tout humide fraîchement né.
Les mousses y sont bien sûr également allés de leurs questions: est-ce que les poules mangent des poissons? Est-ce qu’elles nagent? Est-ce qu’elles mangent de l’herbe? Qu’est-ce qu’elles font l’hiver? Est-ce que Mémé a des bébés? Quand est-ce qu’on prend les œufs pour les manger?
Le petit clan, ainsi que les adultes sur place, a eu l’occasion de découvrir une foule de choses sur l’univers de la poule et de l’agriculture urbaine: la variété de couleurs des œufs, les espèces de poules, les prédateurs (le raton laveur figurant au premier rang), leur abri, les rôles du coq, leur alimentation…
En abordant l’alimentation de Mémé et ses semblables, Martin a pu par la même occasion parler de compostage — car la poule se sustente, notamment, de fanes de légumes, de pelures de fruits et autres restants organiques de table. Ça enrichit les coquilles, a expliqué son protecteur, qui elles, une fois compostées, enrichissent le sol.
Il a en outre expliqué aux enfants la différence entre les œufs réfrigérés qu’ils sont habitués à voir à l’épicerie et les œufs fraîchement recueillis que l’on peut laisser des semaines sur le comptoir, comme ce qu’il fait chez lui.
Est-ce que je peux élever des poules dans mon quartier?
L’élevage de poules n’est pas autorisé à l’échelle de l’île de Montréal. À l’heure actuelle, les arrondissements de Rosemont–La Petite-Patrie et de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, ainsi que la Ville de Montréal-Est l’autorisent. Il faut bien sûr veiller à respecter les règlements propres à chaque arrondissement.
Au bout de trois quarts d’heure environ, la question incontournable a fusé du public: «Quand est-ce qu’on pourra flatter Mémé?» Suivi de peu de: «Elle dort!» Eh oui, Mémé s’était bel et bien assoupie sur sa litière de paille dans le bac en plastique la contenant jusqu’à l’heure des caresses.
Les enfants qui le souhaitaient ont finalement pu caresser tout délicatement la poule qui somnolait dans les bras de Martin, qui les a invités à la flatter sur le dos et non sur la tête. «Il n’y a pas plus relaxe que Mémé», a-t-il lancé, blagueur, au sujet de sa protégée, qui a à peine ouvert les yeux durant la séance de cajolerie.