Le Carrefour Langelier célèbre cette année ses 50 ans. Malgré l’étalement urbain et la croissance du commerce en ligne, ses commerçants réussissent tant bien que mal à s’adapter.
Mardi matin. Le stationnement du Carrefour Langelier, au coin du boulevard du même nom et de la rue Jean-Talon Est, est bondé. À l’intérieur, une longue file s’étire devant les bureaux de la SAAQ. Plus loin, les clients affluent dans le Wal-Mart.
« On a des locataires importants qui font en sorte qu’il y a toujours de l’achalandage, confirme Sébastien Leboeuf, directeur général et développement du centre. Autour, il y a plusieurs petits commerçants qui s’adressent à une autre clientèle; ce sont eux qui donnent une saveur au Carrefour. »
42,25 M$ : C’est la valeur du Carrefour Langelier, comprenant à la fois le terrain et le bâtiment, selon la dernière évaluation foncière de la Ville de Montréal.
Confiance malgré des boutiques vides
Pourtant, selon le décompte de Métro Média, près d’une dizaine de locaux sur cinquante sont vides. Sur les grandes artères commerciales de la métropole, un taux de vacance de plus ou moins 20% serait inquiétant, comme en témoigne la mise sur pied récente d’une consultation publique sur la problématique des locaux vacants.
Pour M. Leboeuf cependant, il n’y a pas lieu de s’alarmer; la santé économique du Carrefour Langelier se porte bien.
Pour M. Leboeuf cependant, il n’y a pas lieu de s’alarmer; la santé économique du Carrefour Langelier se porte bien. Il souligne qu’en terme de superficie, seulement 5% de l’espace du centre est actuellement vacant, alors que certaines entreprises occupent de très grandes surfaces.
« Ce sont deux types de clientèles. Les commerces de rue attirent davantage une clientèle de quartier tandis que les centres commerciaux ont un rayonnement beaucoup plus large. »
Il soutient que les locaux du Carrefour ne restent jamais vides trop longtemps et que de nombreux commerçants ont pu se bâtir une clientèle au fil des ans. « On a un nombre élevé [de marchands] qui offrent des services, ou qui ont une boutique spécialisée. Ce sont des choses qui ne peuvent pas être achetées en ligne », ajoute M. Leboeuf.
Pour lui, le fait que le Carrefour Langelier fête son demi-siècle est signe qu’il «est ancré dans le quartier».
Des commerçants qui survivent
La boutique Tapage vend des vêtements destinés à une clientèle jeune. C’est le genre de commerce qui pourrait être affecté par le commerce en ligne. Son propriétaire, Eli, assure néanmoins qu’il n’en est rien. « J’ai mes clients qui me sont fidèles depuis vingt ans. Ils ont grandi avec moi. » Il donne en exemple le client venant de sortir. « Je le connais depuis qu’il est jeune ! »
Toutefois, il reconnait qu’il faut évoluer. Par exemple, créer un site web pour conserver ses clients qui quittent la ville pour la banlieue.
Gérant de la bijouterie La Capricieuse, Roberto constate de son côté que la situation a bien changé au cours des dix dernières années. « Ceux qui ont bâti une clientèle solide peuvent la conserver. Le commerce en ligne m’affecte moi-même, mais pas autant que d’autres. »
Plus loin, le Vase Caravan vend des produits spécialisés d’origines asiatiques depuis près d’une trentaine d’années. Son propriétaire, Luc Hua, remarque pour sa part une baisse de l’achalandage. « Même moi je commande maintenant mes effets personnels sur Amazon, admet-il. Ça affecte tout le monde, puisqu’on peut y trouver n’importe quoi. »
Malgré le bouleversement des habitudes des consommateurs, l’avenir s’annonce prometteur au Carrefour Langelier, croit Sébastien Leboeuf. Le prolongement de la ligne bleue, dont un édicule sera construit près du stationnement du centre, sera une occasion à saisir. « Les commerçants vont en bénéficier, mais ils devront adapter leur offre. Ça donnera aussi un plus grand rayonnement au Carrefour. Le quartier continue de changer. Il faut s’adapter. »