La coulée verte du ruisseau Bertrand: un nouvel écoterritoire
Montréal a approuvé la semaine dernière, le concept d’aménagement du futur écoterritoire de la coulée verte du ruisseau Bertrand. Après plus de 10 ans d’efforts, les environnementalistes sont ravis, même si, selon eux, les objectifs de protection des milieux naturels sont bien loin d’être atteints.
Depuis 2004, la Ville tente de protéger de 8 à 10% de son territoire. Dix ans plus tard, on est à définir les grandes orientations d’un vaste territoire dans le nord-ouest de l’île, qui comprend 5 pôles de biodiversité et d’espaces naturels à protéger, en plus de parcs urbains.
Cet écoterritoire comprend l’ensemble des rives du ruisseau Bertrand, d’où son appellation. Il sillonne les arrondissements Saint-Laurent, Ahuntsic-Cartierville, Pierrefonds-Roxboro ainsi que les villes de Dollard-des-Ormeaux et Dorval.
Les grands défenseurs du projet, dont Sylvia Oljemark de la Coalition verte, se réjouissent. «Nous avons mis beaucoup d’efforts pour protéger ce territoire contre les promoteurs immobiliers.»
Elle a longtemps habité près du bois Saraguay. Dès les années 1970, avec sa mère, Mme Oljemark s’est fait un devoir d’éviter que cette richesse naturelle ne soit rasée pour y ériger des maisons et des tours en bordure de la rivière.
Ce sont les plus jeunes générations qui vont bénéficier de la beauté, du côté récréatif mais aussi éducatif de ces grands espaces, qui offrent tout un potentiel d’observation», précise-t-elle.
Environnement riche
La tête du ruisseau Bertrand, qui se trouve sur les terrains marécageux du Technoparc de Saint-Laurent, au nord de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, est bordée d’une hêtraie centenaire considérée comme rare sur le territoire.
Le petit cours d’eau servira de lien entre des secteurs urbains, les parcs-nature du Bois-de-Liesse, Saraguay et des Sources, et joindra l’Île-aux-Chats ainsi que le ruisseau Brook.
La Ville souhaite que le pôle Marcel-Laurin, qui se trouve en périphérie de l’écoterritoire, devienne une porte d’entrée tout comme un lien ville/nature.
Le but est de préserver les milieux humides, la flore, les boisés peuplés d’arbres matures et d’érablières diverses, tout comme la faune parfois à statut précaire, comme l’épervier de Cooper et la buse à épaulettes.
«C’est un véritable patrimoine naturel et culturel, puisque des maisons historiques s’y trouvent également, affirme Mme Oljemark. Au lieu d’être laissé à l’abandon, l’environnement sera entretenu et les citoyens auront peut-être plus tendance à le respecter».
Des sentiers pédestres et des pistes cyclables seront aménagés pour relier les différents secteurs aux quartiers environnants.
Un premier pas
Montréal prétend avoir dépassé ses objectifs de préservation de la mosaïque d’habitats et la diversité biologique de son territoire à 17%, si l’on considère les aires protégées comprises dans le fleuve Saint-Laurent et autres grands plans d’eau qui sont sous la juridiction des gouvernements fédéral ou provincial.
À l’intérieur des terres, les actions entreprises par la ville depuis la Politique de protection et de mise en valeur des milieux naturels de 2004 ont permis de faire passer de 3,2 à 5,9% le taux de préservation.
Pour Sylvia Oljemark, «c’est nettement insuffisant. Pour véritablement atteindre les cibles de 10%, la Ville de Montréal devrait ajouter de 2000 à 2500 hectares supplémentaires», soutient-elle. Cela signifie que les surfaces boisées hors parcs, qui représentent aujourd’hui 1267 hectares, devraient être plus que doublées.
Et peut-être même encore davantage puisque, selon la Coalition verte, Montréal se classe bonne dernière sur les 14 principales villes du Canada pour la préservation de son territoire.
L’aménagement de l’écoterritoire de la coulée du ruisseau Bertrand, qui fait partie des dix écoterritoires de la Ville de Montréal, ne constitue donc pour elle qu’un début.
Le responsable du développement durable et de l’environnement au comité exécutif, Réal Ménard, n’était pas disponible pour répondre à nos questions au moment d’écrire ces lignes.