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Des résidents à bout de nerfs

En juillet, l’arrondissement amorçait un plan d’action pour venir à bout du problème d’insalubrité des logements gérés par l’entreprise MetCap. Or, trois mois plus tard, des locataires se plaignent de devoir encore vivre parmi les coquerelles et la moisissure.

Anthony Mohammed demeure sur la rue Décarie, dans un logement géré par MetCap. Il se plaint de devoir cohabiter avec des coquerelles. Pour en parler, le père de famille nous a ouvert la porte de son appartement. Dans les derniers huit mois, il estime que son appartement a été traité plus d’une vingtaine de fois, sans succès.

«Je garde tous les vêtements et les jouets des enfants dans des sacs de plastique. Il faut tout emballer lorsque les exterminateurs viennent. Nous sommes fatigués de défaire et refaire le tout», raconte-t-il, au bout du rouleau.

Dans son appartement, les pièges à coquerelles doivent être changés régulièrement. D’ailleurs, notre journaliste a pu constater des dizaines de coquerelles mortes dans les pièges.

«Ma femme est enceinte et doit accoucher cette semaine, ajoute le père. C’est très stressant devoir évacuer avec 24 heures d’avis. Nous sommes épuisés. Nous devons tous coucher dans la même chambre, car mes enfants ont peur. Ils ne comprennent pas ce qui se passe. C’est l’horreur.»

Il confie avoir eu des punaises de lit également, mais le problème a été réglé en juillet.

Moisissures, coquerelles et souris

Vivant dans un sous-sol d’un immeuble de la rue Décarie, Nadia est désemparée. Elle n’a pas d’eau chaude depuis un mois. Elle dit avoir téléphoné et envoyé une lettre à MetCap pour dénoncer la situation, mais ses messages sont demeurés sans réponse. «Je me suis présenté à leurs bureaux à Saint-Laurent, on me dit qu’ils vont envoyer quelqu’un. J’attends toujours.»

Voulant demeurer anonyme pour protéger ses enfants, elle explique qu’elle a constaté des problèmes dans son logement dès la première journée. Selon elle, l’humidité est intolérable, rendant la respiration difficile. La situation l’inquiète, d’autant plus que son fils de 13 ans souffre d’asthme.

De plus, c’est que le niveau d’humidité est si élevé que la moisissure est omniprésente. «C’est visible sur les murs, explique Nadia, mais également sur les meubles, les matelas, les vêtements… J’ai dû jeter beaucoup de mes effets et je devrai me départir d’encore plus. En tant que mère monoparentale, c’est difficile.»

La famille n’est pas au bout de ses peines. Elle doit aussi composer avec des coquerelles et parfois même des souris.

«J’écris des lettres à MetCap pour parler de la situation, mais sans réponse. Ensuite, des inspecteurs viennent, prennent des photos, et puis, plus rien.»

Délaissés par le système

Les deux familles rencontrées se sentent abandonnés par le système. M. Mohammed aimerait pouvoir quitter son appartement, mais il affirme qu’il aura du mal à se trouver un nouveau logement, vu la réputation de MetCap.

«Le problème, c’est que même si nous voulions partir, les autres propriétaires connaissent MetCap et ne veulent pas louer, de peur que les problèmes nous suivent», s’inquiète M. Mohammed.

Des histoires d’horreur, Maria Vasquez, intervenante au comité de logement, en entend à chaque semaine. Chaque mois, une douzaine de locataires de MetCap en détresse viennent lui demander son aide. Elle peine à garder la tête au-dessus de l’eau. Elle affirme qu’il y a eu une amélioration au début de l’été, notamment après la parution d’articles sur ce sujet dans les pages du Nouvelles Saint-Laurent, mais que depuis la mi-août, les choses ont régressées.

«Le système mis en place favorise nettement le propriétaire, et non le locataire. Avec toutes les procédures que doivent se taper les locataires, dont l’écriture d’une lettre donnant dix jours à MetCap pour redresser la situation, ça contribue à les épuiser», explique-t-elle.

Elle prétend que les délais sont trop longs, que la communication n’est pas adéquate et que, au bout du compte, c’est le locataire qui paie le gros prix.

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