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Le CJE Saint-Laurent défend sa pertinence

Le directeur du Carrefour Jeunesse Emploi (CJE) de Saint-Laurent bondi de sa chaise lorsqu’il a pris connaissance des possibles cibles de compression du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale visant les mesures d’accès à l’emploi.

Selon un article de La Presse, paru le 3 octobre, ce sont 211 M$ que le ministère devra sabrer, dès l’an prochain, afin de contribuer à l’atteinte du déficit zéro. Dans cette optique, Québec se donnerait pour but de revoir la mission des CJE à qui on reproche de choisir leur clientèle et de négliger les jeunes qui bénéficient de l’aide sociale. Selon l’article, le gouvernement pourrait leur imposer des résultats.

Le directeur du CJE, Marc Grignon, s’oppose à la nouvelle formule que voudrait donner le gouvernement à son organisme.

« Si je comprends bien, c’est qu’on veut nous dire “tu vas recevoir tant d’assistés sociaux, le faire en tant de temps et voici comment tu vas le faire.” Eh bien, ça ne marche pas. »

Pas une réalité homogène

« Au Québec, la majorité des décrocheurs sont des garçons. À Saint-Laurent, ce sont les filles qui décrochent », explique M. Grignon. Selon lui, la réalité laurentienne est si différente que des programmes imposés par Québec ne fonctionneraient pas.

Le CJE, dont la moyenne d’âge est de 26 ans, est celui où la clientèle est la plus âgée au Québec. La scolarité des participants qui fréquentent le CJE est la plus élevée également au Québec. Enfin, c’est celui qui accueille parmi sa clientèle le plus de nouveaux arrivants.

L’an dernier, 61 % de la clientèle du CJE n’était pas née au Canada. « C’est énorme. Nous devons porter une attention particulière à cette clientèle. », explique M. Grignon. C’est une clientèle qui fait face à des réalités très distinctes et ne peut avoir le même modus operandi qu’ailleurs au Québec.

Le CJE offre un programme pour les jeunes qui vivent de l’assistance sociale. D’ailleurs, selon le directeur, le programme Jeunes en action, affiche un taux de succès de plus de 80 %. Les participants font un retour sur le marché du travail ou aux études – et y demeurent.

À Saint-Laurent, 44 % des jeunes qui fréquentent le CJE sont sans revenu une autre particularité locale. « Ce sont des jeunes qui n’ont pas cumulé assez d’heures pour avoir droit au chômage ou Emploi-Québec ne le considère pas comme étant dans une situation de pauvreté », explique M. Grignon. Ces jeunes n’auraient pas d’aide autrement.

Il déplore que les CJE soient désormais ciblés et n’auront peut-être plus de contrôle sur l’acceptation des candidats. « La raison d’être des carrefours, c’est l’approche universelle. Tous jeunes peuvent venir, quelle que soit leur réalité. »

Des services souvent méconnus

Olvin, jeune homme du Salvador, a immigré au Canada il y a deux ans. Il a appris le français, fréquenté l’école secondaire Saint-Laurent et a fait face à des problèmes de santé.

À 18 ans, il est désemparé et ne sait pas où se tourner.

« Au CJE, ils m’ont aidé à trouver un J’aurais perdu beaucoup de temps à chercher sans cette aide-là. »

Il ne pense pas qu’il serait retourné aux études autrement. Aujourd’hui, il cherche un emploi à temps partiel.

Comme beaucoup de jeunes qui fréquentent le CJE de Saint-Laurent, Olvin ne connaissait pas les programmes qui lui étaient offerts. L’intégration à une nouvelle communauté est d’autant plus compliquée lorsque le nouvel arrivant n’est pas accompagné.

« Je suis venu ici seul. Les premiers mois ont été très difficiles. J’aimerais dire aux autres jeunes qu’ils ne sont pas seuls. Il ne faut pas hésiter d’aller chercher de l’aide au CJE », conclut Olvin.

Au Québec, les CJE existent depuis 1997 et comptent désormais 110 organismes. Leur mission est d’aider les jeunes dans leurs démarches d’insertion socioprofessionnelle.

Moyens restreints

 

Le directeur du CJE affirme que dans les cinq dernières années, une seule indexation leur a été octroyée – à hauteur d’un peu plus d’un pourcent.

« Même si nos frais fixes ont augmenté en moyenne de 2 % (télécommunications, loyer, assurances, etc.), nous avons du nous résigner à supprimer en décembre dernier deux postes reliés à notre subvention CJE.  C’est malheureux, mais ce sont des services en moins pour les jeunes laurentiens. »

 

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