De Sainte-Monique à Saint-Laurent : un partenariat qui porte ses fruits
L’agriculteur Sébastien Angers s’est associé à la compagnie laurentienne Prana afin de développer une production de culture régénératrice de graines de citrouille biologiques en 2020, une première au Québec. Aujourd’hui, le travail commence à porter ses fruits.
Après avoir vendu la portion commerciale de sa ferme de Sainte-Monique, dans le Centre-du-Québec, en 2019, l’agriculteur Sébastien Angers était à la recherche d’une culture qui pourrait mettre à profit ses forces, soit le design agronomique.
Pendant ses recherches, il découvre la production de graines de citrouille, qui se fait principalement en Autriche. Il s’est alors donné comme défi de développer une approche d’agriculture régénérative pour en produire au Québec.
Ce type d’agriculture vise à améliorer la santé des sols en mettant en place un couvert végétal sur lequel est plantée la production. Celui-ci enrichit le sol, en plus de prendre la place que prendraient normalement les mauvaises herbes sur une terre.
«La citrouille est semée sur un paillis de seigle, explique Sébastien Angers. Pour les agriculteurs en culture régénératrice, ça permet d’ajouter le seigle à la rotation, et donc, d’ajouter un revenu supplémentaire pour appuyer et faciliter ce genre de pratique qui améliore la santé des terres.»
Partenariat
Très tôt dans le processus, M. Angers s’est associé avec Marie-Josée Richer, propriétaire de la compagnie de collations biologiques Prana, qui était à la recherche d’un approvisionnement local en graines de citrouilles.
«On en importait beaucoup d’Europe pour nos produits, explique celle qui est native de Saint-Laurent. Donc quand j’ai reçu l’appel de Sébastien, j’ai tout de suite embarqué dans le projet qui nous permet d’avoir un approvisionnement beaucoup plus responsable.»
Elle estime cependant que pour que l’entièreté de son approvisionnement provienne de source locale, il faudrait que plusieurs agriculteurs se mettent à cultiver la graine de citrouille.
C’est pourquoi le projet de Sébastien Angers, basé sur l’intégration de la citrouille à d’autres cultures, était si intéressant à ses yeux.
«On veut développer un réseau d’agriculteurs en agriculture régénératrice pour mieux s’approvisionner et contrôler la production d’un point de vue environnemental et social, explique Marie-Josée Richer. Après, on aimerait éventuellement répliquer ce modèle pour d’autres productions comme la graine de tournesol ou de chia.»
Prana achète l’entièreté de la production et assure la mise en marché pour que l’agronome de formation puisse se concentrer sur l’amélioration de son concept.
Retombées
Lors de sa première année de production en 2020, la ferme de Sébastien Angers a produit 500 kilogrammes de graines de citrouille et environ six tonnes l’année suivante.
«Quand on a planté la première graine, on ne savait même pas si ça allait pousser, donc on est bien content de notre courbe», partage Mme Richer.
Ce bond dans la quantité produite a permis à Prana de mettre en marché son premier produit provient de ce partenariat, soit une graine de citrouille rôtie et assaisonnée nommée Löka.
Dans les prochains mois, Sébastien Angers, en compagnie d’autres agriculteurs, continuera de peaufiner son modèle pour qu’il puisse être répliqué plus facilement.
«Je travaille avec quatre autres agriculteurs dans la province et on est en train de raffiner le processus agronomique et de conditionnement pour assurer la rentabilité à long terme du projet, explique-t-il. Éventuellement, on aimerait développer une filière de production de graines de citrouille au Québec.»
En attendant, d’autres sous-produits dérivés de ses citrouilles devraient voir le jour dans les prochaines années.