Changement de saison, confinement et santé mentale
Les prochains mois de l’année deviendront un peu plus sombres en raison du changement de saison. Pendant ce temps, de nouvelles mesures sanitaires forcent la population à limiter ses activités sociales. Difficile de dire si elles seront un fardeau supplémentaire pour la santé mentale.
Alors que la pandémie continuait de distraire le regard du public, l’automne a discrètement fait son arrivée le 22 septembre à 9h31. Jusqu’à l’arrivée de l’hiver, le temps d’ensoleillement diminuera progressivement. À Montréal, il passera d’environ 13h 11 minutes à 9 heures 50 minutes d’ici la fin décembre, selon les calculs du Centre national de recherches Canada.
«Je ne vois pas un rapport direct entre le fait que les journées raccourcissent et si ça va miner la santé émotionnelle des gens», croit le Dr Pierre Bleau, directeur national des services en santé mentale et psychiatrie légale au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
L’automne et l’hiver imposent par ailleurs des habitudes de vie comparables au confinement. «Il y a une restriction des activités et une diminution de certains modes d’activités qui sont en lien avec ça», indique le Dr Bleau.
La psychologue Colette St-Laurent, qui cumule 25 ans de pratique, offre un son de cloche semblable. «Ce que j’ai observé chez la clientèle qui est sensible [au changement de saison], c’est que quand les journées commencent à raccourcir et à faire plus froid, les gens commencent à se confiner eux-mêmes, en allant moins dehors, moins aller à la lumière du jour quand il y en a», explique-t-elle.
Même en confinement, «il faut quand même sortir, faire de l’exercice, marcher tous les jours, surveiller l’alimentation, insiste Dr Bleau. Au bout du compte, les déterminants qui sont majeurs, c’est comment les gens prennent en charge leur santé émotionnelle.»
Métro, boulot, dodo
La durée d’ensoleillement d’une journée et le stress causé par la pandémie ont un impact sur le sommeil, indique le Dr Thanh Dang Vu, directeur au Laboratoire de recherche en sommeil, cognition et neuroimagerie.
«La lumière est un important synchronisateur de notre rythme biologique, de notre rythme jour-nuit. Elle nous permet d’activer notre système de vigilance», souligne le Dr Dang Vu.
Un déséquilibre de cette routine peut amener son lot de fatigue supplémentaire.
En confinement, le télétravail est privilégié par plusieurs, chamboulant aussi nos habitudes. «C’est important de prendre des pauses par rapport à ça. Il faut regarder les besoins de base qu’on a», indique le Dr Bleau.
Au printemps, le MSSS a mis sur pied un programme pour soutenir la population qui pourrait être plus fragile en confinement. Près de 90 M$ ont été investis pour ajouter 300 emplois à temps plein pour augmenter les contacts directs avec la frange plus fragile de la population.
Affluence
Les effets du changement de saison ne se feraient pas sentir dans l’achalandage aux urgences ou encore dans le nombre d’hospitalisations, ajoute le Dr Bleau.
Or, certains psychologues sont pourtant fortement occupés. En lâchant un coup de fil à la Clinique d’anxiété de Montréal, le répondeur nous accueille: «Puisque la liste d’attente est trop élevée, elle est ouverte seulement pour les clients âgés de 17 à 25 ans disponibles de jour, soit avant 15h», entend-on.
Colette St-Laurent a vu une recrudescence des appels pour une consultation depuis le début de l’automne. «Ça peut aller jusqu’à deux ou trois demandes par jour», dit-elle.
Cela serait supérieur aux années précédentes.
89
Avant de passer le flambeau à l’hiver, l’automne durera au total 89 jours, 20 heures et 31 minutes.