Un projet pilote prévoyant que des ambulances aériennes se rapportent à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal se fait toujours attendre, trois ans après son annonce.
En 2018, le gouvernement de Philippe Couillard présentait un système de transport aéromédical héliporté. Sacré-Cœur devait accueillir des patients de la Mauricie, du Centre-du-Québec, de Lanaudière et des Laurentides pour une durée de 18 mois. Le tout devait se faire en partenariat avec Airmedic et la collaboration du CHU de Québec.
Comme le projet n’a pas été entériné par le Conseil des ministres avant le déclenchement des élections, le nouveau gouvernement Legault l’a mis en veilleuse.. «Il y a du monde qui a été mis en place, on a commencé à travailler avec eux. Ils voulaient redéfinir les paramètres du projet, le déployer avec plus d’envergure. Des fois, faire bouillir l’océan, c’est compliqué», lâche au bout du fil la cheffe de la direction chez Airmedic, Sophie Larochelle.
Elle soutient que la pandémie a également ralenti les travaux.
Sacré-Cœur est l’unique hôpital à avoir un héliport à Montréal. Il est notamment utilisé lors des Grands Prix pour accueillir les pilotes blessés lors de graves accidents.
Appelé à commenter, le ministère de la Santé et des Services sociaux souligne qu’il veut améliorer l’offre de service en matière de transfert interétablissement pour les régions intermédiaires, comme la Mauricie, l’Estrie, l’Outaouais et le Centre-du-Québec.
«L’avant-projet implique notamment les phases suivantes: une étude de faisabilité pour l’implantation d’héliports hospitaliers, le développement d’un service de régulation médicale 24/7 et un guide d’implantation du programme héliporté développé par l’INESSS [Institut national d’excellence en santé et services]», explique la porte-parole au MSSS, Marie-Louise Harvey.
En raison de la révision actuelle de l’initiative, le CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal, territoire sur lequel se trouve L’Hôpital du Sacré-Cœur, a refusé de commenter le dossier.
À l’heure actuelle, le gouvernement dispose du programme «Évacuations aéromédicales du Québec»(EVAQ), qui couvre l’est et l’ouest de la province. Il permet le transport de malades et de blessés des régions éloignées vers des centres hospitaliers par avions et par navettes. En 2018-2019, parmi les 7 200 patients desservis, 2 125 ont eu recours à l’avion-hôpital.
Pertinence
Les principales conditions cliniques concernées par le service d’ambulances aériennes sont la cardiologie, la traumatologie, les soins intensifs, la neurologie et l’obstétrique.
Dans certains cas, il fait la différence entre la vie et la mort, assure Sophie Larochelle. «Il y a plusieurs études qui démontrent que la golden hour en santé, soit l’heure suivant l’accident, fait toute la différence dans la réduction des séquelles et pour sauver des vies», insiste-t-elle.
Lors de ses interventions, l’entreprise compte à bord de ses appareils un infirmier, un inhalothérapeute et au besoin un médecin. «Les soins débutent dès la prise en charge du patient, et non pas une fois qu’il se rend au centre hospitalier», indique Mme Larochelle.
Airmedic transporte d’ailleurs chaque semaine des patients atteints de la COVID-19.
75%
Selon Airmedic, les trois quarts de la province ne seraient pas couverts par le service d’urgence 9-1-1.
Chronologie
- 2012: Un projet pilote est présenté au Conseil du Trésor visant à desservir notamment les régions périphériques de Montréal. L’Hôpital du Sacré-Cœur est désigné comme le receveur des patients.
- 2018: Le MSSS présente le projet pilote de transport médical en collaboration avec Airmedic et le CHU de Québec.
- 2020: Le gouvernement révise l’initiative.