La rage au volant en soi n’est pas criminelle confirme la police, mais elle peut mener à des comportements qui le sont.. et avec le déconfinement et la rentrée scolaire, le retour du trafic risque d’entraîner des conflits sur la route.
Que ce soit à coups de klaxon ou de propos peu catholiques, déjà l’an dernier 26 signalements pour rage au volant ont été recensés au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). C’est huit fois plus qu’il y a 10 ans, a rapporté en janvier La Presse par le biais d’une demande d’accès à l’information.
Et malgré le confinement, le Québec comptait jusqu’à tout récemment 123 collisions mortelles, soit 8 de plus qu’à pareil date l’an dernier.
Ces statistiques sont loin de surprendre le docteur Giancarlo Collacciani du Centre de gestion de la colère du Grand Montréal.
«On en parle plus [de la rage au volant]. C’est quelque chose qui est plus couvert par les médias, par exemple. Les gens vont avoir peut-être plus tendance à dénoncer, de la même façon qu’au niveau des agressions sexuelles. […] Est-ce qu’il y a une hausse ou il y en a toujours eu autant et on n’en parlait pas?», soulève le psychologue clinicien.
Cet été, et comme elle le fait depuis une quinzaine d’années, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a tenu une campagne de sensibilisation.
«On n’a jamais vraiment abordé les situations conflictuelles ou même la rage au volant comme une thématique. On a plutôt parlé du partage de la route de façon harmonieuse, fait savoir le porte-parole Gino Desrosiers. Ça demeure un travail de longue haleine de répéter le message constamment.»
Pour une utilisation sage et sécuritaire des voies, la SAAQ rappelle l’importance de garder une distance entre les véhicules et les usagers vulnérables comme les motos ou les vélos, de respecter les droits de passage et éviter de klaxonner de façon abusive.
«C’est des situations qui peuvent amener cette frustration», dit M. Desrosiers.
Se préparer au stress
Personne n’est à l’abri de perdre les pédales lors d’une situation fâcheuse, rappelle le Dr Collacciani.
«Beaucoup de gens en voiture ont peur ou se sentent humiliés ou sont déjà à cran. Le confinement, ça n’a pas été facile. Ça a été exigeant pour tout le monde.» -Giancarlo Collacciani, psychologue clinicien
Se préparer mentalement au stress qui nous attend sur les routes peut aider à désamorcer une éventuelle colère, une des solutions à prioriser. La gravité des événements qui peuvent se produire sur la route demeure toutefois imprévisible.
«Le niveau d’impulsivité est très différent pour chaque personne», fait-il savoir.
Si un automobiliste croit être exposé à un cas de rage au volant en cette période de rentrée, la Sûreté du Québec recommande de contacter le poste de police local. «C’est mieux que de répliquer et d’accélérer, suivre la voiture et se retrouver dans des risques augmentés de collision pouvant causer des blessures», soutient la porte-parole Audrey-Anne Bilodeau.
Facteurs
Le spectre de la rage au volant est très large, pouvant se manifester de différentes façons, telles que de frapper sur son propre volant à s’en prendre physiquement à une autre personne, mentionne le Dr Collacciani.
«Ce n’est pas clairement défini», insiste-t-il.
Nombreux sont les facteurs qui peuvent faire en sorte que les automobilistes soient plus à fleur de peau. «Il y a des gens qui ont des échéances vraiment serrées. Ils partent le matin, on les voit en train de mettre du mascara dans l’auto, de manger le déjeuner, de se coiffer ou se raser. S’ils ne se donnent pas le temps, c’est sûr qu’ils vont être stressés», soutient Dr Collacciani.
Il est donc encouragé de mieux prévoir son emploi du temps.