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Des ruelles interdites aux automobilistes, des citoyens réjouis

Photo: Zoé Arcand, Journal Métro

Depuis mai, plusieurs ruelles sont fermées à la circulation automobile dans Rosemont–La Petite-Patrie (RLPP). Même si la plupart des citoyens se réjouissent de cette initiative qui augmente la sécurité dans le secteur, certains demeurent sceptiques.

L’objectif de ce programme est d’empêcher les voitures de traverser les ruelles en ligne droite. Les automobilistes peuvent toujours accéder à leur stationnement par les deux entrées des ruelles restées vacantes. Pour bloquer les ruelles, l’Arrondissement a installé des bacs à fleurs à l’entrée des ruelles. Les citoyens sont appelés à se les «approprier» et à en faire l’entretien.

Depuis l’initiative de l’Arrondissement, les enfants sont moins dérangés lorsqu’ils jouent et se sentent davantage en sécurité dans la ruelle entre les rues Chambord et De Normanville. C’est ce qu’a constaté Annie, une maman qui réside dans le secteur.

Elle y a aménagé un jardin et son voisin vient d’installer un frigo communautaire. Ici, les enfants jouent librement. Le Festival art de ruelle (FAR) y passe également, animant le voisinage.

Une Rosemontoise qui réside près de la ruelle entre les rues Saint-Zotique et Beaubien, Anahi, admet qu’un peu de trafic s’est créé aux entrées et sorties des ruelles depuis le début de l’initiative. L’entretien des ruelles représente un défi selon elle, puisque les voisins doivent se coordonner.

«Quand il y a le feu, tu penses que les autres vont appeler le 911, donc tu ne le fais pas», dit-elle, traçant un parallèle avec la responsabilité de l’entretien.

Stationnement difficile

Milad, un voisin qui est principalement automobiliste, avoue vivre des désagréments à cause des entrées bloquées, qu’il trouve incommodantes.

Une employée de la garderie Le royaume des coccinelles, dans La Petite-Patrie, dit avoir communiqué avec la Ville pour se plaindre de l’entrave bloquant le passage vers la ruelle. Les parents des enfants de la garderie doivent y passer pour accéder au stationnement pour lequel paye la propriétaire.

J’ai parlé à la Ville du fait que ça complique les choses pour les autos et les livraisons. Mais je savais qu’ils n’allaient pas m’écouter parce que je parlais d’autos.

Employée du Royaume des coccinelles

L’initiative de l’Arrondissement ignore les besoins de la PME et des parents, qui doivent emprunter la ruelle sur le long au lieu de la traverser perpendiculairement. Cela rendrait caduque l’initiative visant à sécuriser l’espace, croit l’employée, qui préfère préserver l’anonymat.

Le Royaume des coccinelles n’aurait reçu aucune plainte de la part des parents.

Selon la Ville, «il n’est pas possible de fermer partiellement une ruelle si des commerces se trouvent en bordure de celle-ci et que la fermeture entrave de façon importante leurs activités».

Les critères de sélection pour les ruelles bloquées comprennent notamment la présence d’une garderie, mais aussi le trafic de transit observé, les demandes et les plaintes émises par la population ainsi que la proximité d’une école, d’un centre d’activités, d’un parc ou d’une ruelle verte.

Plusieurs Montréalais sondés par Métro ont été surpris d’apprendre que ces installations resteraient en place même en hiver. Pour un organisme défendant les droits des piétons, Piétons Québec, cela va de soi, puisque la visibilité des automobilistes est d’autant plus réduite avec les bancs de neige.

Une mesure à implanter dans l’ensemble de la ville?

Selon la présidente du conseil d’administration de Piétons Québec, bloquer certaines ruelles d’un seul arrondissement peut être «un bon test» avant d’étendre la mesure. «Ce type d’aménagement induit le comportement à adopter» chez les automobilistes, ce qui évite d’opter pour des mesures répressives.

L’organisme rappelle que les ruelles sont des espaces de vie et non des lieux de transit. Les utiliser comme raccourci n’est pas permis à Montréal. Piétons Québec applaudit l’initiative de RLPP, qui «va au-delà de la règlementation».

L’Arrondissement est «très actif dans l’aménagement des ruelles et leur sécurisation», selon Piétons Québec. L’an dernier, la vitesse maximale dans les ruelles a été abaissée à 10 km/h. Les ruelles situées dans les arrondissements plus défavorisés sont souvent plus dangereuses, note Piétons Québec.

Les citoyens peuvent soumettre une ruelle qu’ils considèrent comme dangereuse à leur Arrondissement pour la faire bloquer l’année suivante ou soumettre un projet d’aménagement de ruelle verte.

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